Dark Shadows

Mercredi soir, je suis allé voir de dernier Tim Burton.

Ca faisait un moment que j’avais laissé tomber ce réalisateur que j’aime particulièrement par son éclectisme et son humour tordu.

J’avais bien vu Alice aux pays des merveilles. mais il s’agissait plus ici d’une production Disney scénarisée par le studio que d’un Tim Burton comme on l’entend pour Edward aux mains d’argent, Ed Wood, Mars Attack ou Big Fish.

J’ai complètement zappé Sweeney Todd trop musical et trop culturellement éloigné (surement une erreur de ma part à rattraper)

Alors il était bien temps de s’y remettre et ce film en fut l’occasion.

Ceci dit, ce bel élan de pédanterie tombe totalement à l’eau puisque ce film n’est pas scénarisé par Tim Burton (même si scénarisé en partie par un habitué de Burton, John August) et est l’adaptation d’une série télé des années 60 inconnue en France.

Néanmoins la patte Burton imprègne largement le film au delà de la présence des acteurs habituels : Johnny Depp, Helena Bonham Carter ou même Michelle Pfeiffer vue il y a fort longtemps dans Batman.

 

En 1760, Les Collins, riche famille de Liverpool, émigre vers le nouveau monde pour y asseoir leur empire. Il fonde la ville de Collinsport et développe une industrie de pêche florissante. Leur fils Barnabas (Johnny Depp) repousse les avances d’une servante, Angélique Bouchard (Eva Green) qui s’avère être une sorcière. Folle de jalousie, elle se venge de Barnabas en assassinant ses parente et en précipitant Josette, sa fiancée dans l’océan. Barnabas se jetant à son tour devient un vampire. La population de Collinsport se retourne contre ses bienfaiteurs et enterre Barnabas dans la forêt, prisonnier d’un cercueil.

1972, nous retrouvons la même ville où la famille des Collins survit piteusement dans son Manoir décrépi. La conserverie est à l’abandon tandis que l’usine concurrente d’en face prospère. C’est alors que Barnabas est déterré lors de travaux de voirie. Redevenant chef de famille, il veut redonner au Collins la splendeur d’antan. L’ennui, c’est que la concurrence est au main D’angelina Bouchard la sorcière qui a traversé le temps, toujours aussi jeune, désirable et passionnée.

Ce film a tout du vaudeville : il est entrecoupé d’envolées lyriques et dramatiques que le caractère bouffon se tarde vite de tourner en dérision en accentuant leur futilité. Johnny Depp excelle dans ce petit jeu en  personnage maniéré et pompeux perdu dans les Seventies. C’est autant d’occasion de le confronter aux éléments les plus marquants de l’époque : hippies refaisant le monde, hard rock balbutiant (avec une apparition d’Alice Cooper de toute beauté) symboles les plus marquants de la société de consommation (Télé, Mc Do,etc).

Le film a tendance à faire l’impasse scénaristique sur pas mal d’éléments en évacuant vite fait tout ce qui n’est pas en rapport avec le coeur du film : les confrontations entre Barnabas et Angelina. Le personnage de Josette/victoria, Carolyn Stoddard ou de David sont très peu mis en avant sauf quand leur présence est indispensable. Cela donne lieu à des impressions de coup de théâtre dignes de Scoobidoo. Mettons à part Michelle Pfeiffer et Helena Bonham Carter dont la prestance compense leur faible implication.

Si le film fait la part belle aux idéaux de l’amour éternel et pur, il va sans dire que la relation de Barnabas et Angelina s’amuse à pervertir ces beaux discours. Entre étreinte et combat, ces deux là semblent ne jamais pouvoir se défaire l’un de l’autre. Le jeu d’acteur déployé à cette occasion est formidable : Johnny Depp s’en sort toujours très bien quand il s’agit de jouer sur les tableaux de l’hypocrisie patiné de grandiloquence. Eva Green est à la fois sublime et carnassière à souhait, déployant un sex appeal destructeur.

Ce film m’a beaucoup plu. S’il n’est en soit pas révolutionnaire, sa réalisation, son jeu d’acteur en font un vrai moment de divertissement. la performance des deux acteurs principaux rattrapent largement les tendances à évacuer certaines parties de l’histoire.

Sans hésiter, un bon 8/10

 

3 réflexions sur « Dark Shadows »

  1. ça vaut dire que t’as aimé? J’ai toujours eu du mal avec les négations pour dire que oui en fait 🙂

  2. oui oui j’ai aimé, et pour des raisons qui ressemblent aux tiennes

    le début est très classique pour Burton, on le sent à l’aise avec les autres époques
    il a quand même du mal avec le contemporain

    mais ça reste très bien, il arrive à retranscrire des scènettes assez simpa, le bar de pêcheur notemment

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