Sapin nucléaire

je commence à cogiter sur mon grand dossier de ce Week-End : “comment faire le point sur l’énergie en France“. Je suis en pleine phase ingurgitation de données, de statistiques, de prospectives et de camemberts.

Le plus dur dans l’histoire, c’est l’impossible dissociation entre énergie, chaleur et électricité : On utilise de l’énergie (nucléaire) pour produire de la chaleur (vapeur d’eau) qui fera de l’électricité (turbine) pour faire de la chaleur (chauffage électrique). Cet agencement inextricable entre besoin, production, déperdition, confort me donnent déjà des sueurs froides.

La période est propice à ce genre de raisonnement. L’hiver approche et les besoins en chauffage vont se faire ressentir. Un tiers des français sont équipés en chauffage électrique, ce qui représente 10% de la consommation globale d’électricité. Cette consommation saisonnière se caractérise par une utilisation en pointe (le soir) avec des fortes fluctuations selon l’importance du froid. Le parc nucléaire français de par sa structure ne sait qu’offrir une puissance constante et ne peut absorber le surplus de demande. Pour répondre à ces hausses, on est obligé de recourir aux bonnes vieilles centrales à charbon ou à fioul ou d’importer de l’électricité produite de la même manière chez nos voisins.

Bilan : plus on développe le chauffage électrique, plus on génère du Co2. Le plus rigolo, c’est qu’avec ces effets de bord, il en produit plus que le chauffage au gaz (225g contre 205g CO2/kWh).

Franchement, y a de quoi ne plus rien y comprendre. J’ai l’impression d’être au milieu d’une pelote de laine.

 

Dernier petit truc du même genre : je viens d’éteindre le sapin de Noël derrière moi. Je me suis demandé à ce moment là quel était l’impact de toutes les guirlandes lumineuses sur la consommation d’électricité française.

Fort heureusement pour moi, certains ont fait le calcul (hypothèse basse vu les postulats)

  • La puissance électrique d’une guirlande lumineuse est de 30 W ;
  • Elle fonctionne 4 h par jour, de 17h à 21h ;
  • Le sapin est installé le 15 décembre, et rangé le 5 janvier, ce qui fait 20 jours d’illumination (mince je suis en avance)
  • 6 millions de sapins sont décorés, chacun avec une seule guirlande électrique.

J’ai réactualisé le prix du killowatt heure (l’étude datait de 2006) avec le tarif de 2011 : 0,1209 euros (pour une puissance souscrite de 9KVa)

Pour un foyer, le coût est imperceptible

Eel = 30 x 4 x 3600 x 20 = 8,64 x 106 J = 8,64 MJ soit Eel =  2,4 kWh. Ce qui coûte 2,4 x 0,1085 € soit 29 centimes d’euros.

Au niveau national :

La puissance électrique nécessaire pour faire fonctionner 6 millions de guirlandes de 30 W chacunes vaut :

Pel = 30 x 6 x 106 = 180 x 106 W = 180 MW. Il faut donc chaque soir environ 200 MW de puissance électrique pour alimenter les guirlandes lumineuses, soit environ 1/5 de la puissance électrique fournie par une tranche de centrale nucléaire (qui fournit en moyenne 1000 MW).

 

Si vous rajoutez à cette consommation de guirlande des particuliers (j’omets les fondus de l’illumination totale du jardin) celle des entreprises, des établissements publics, les décorations de Noël des villes et celles des devantures des magasins, je suis pratiquement sur qu’un réacteur bosse à plein temps en Décembre rien que pour ça.

 

Je n’ai rien contre les sapins. Je cherche juste à montrer combien de petites choses prennent vite de grandes proportions quand on y fait pas gaffe.

 

 

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