Sucker punch : critique

Commençons dès le départ par évacuer le côté tape à l’œil du film, à savoir les nombreuses scènes d’actions hallucinantes. Il est vrai qu’elles sont magnifiques, haletantes et stylisées. Si ce sont elles qui construisent entièrement la bande annonce, il serait réducteur de penser que c’est là véritable intérêt du film. Je vous dirais que je suis bien malin d’annoncer ça puisque j’ai mordu à l’hameçon.

Soyons clair, ce film parle d’inceste, de viol, de prostitution infantile, de l’incarcération en asile et de ses abus. Dès le départ la situation est posée et la malaise s’installe. Sans dévoiler la narration, Snyder met en place l’histoire du film comme il l’a fait dans les Watchmen : un lent déroulement des événements qui nous amène en ce lieu. Les traitements numériques habituels du réalisateur renforcent le côté “sale”, dérangeant de ce qui nous est dévoilé. la musique est aussi mis à profit pour nous étreindre et nous faire suffoquer.

Le film nous décrit le destin d’une jeune adolescente abusée par un beau père manipulateur et incestueux et conduit à l’asile pour masquer les sombres desseins de ce dernier. L’endroit n’est pas une échappatoire mais une destinée pire que la prison où règnent corruption et abus sexuel. On ne peut rêver pire pour étouffer l’espoir, la vie et la raison. On sait déjà que la descente vers l’enfer va continuer pour notre héroïne. Je m’arrêterai là.

C’est à partir de là que la fiction recouvre la fiction, que la couleur apparaît comme en surexposition d’une réalité insupportable. Et pourtant la couleur ne nous éloigne pas du vice et de la mort. De l’asile, nous passons au bordel clinquant où de jeunes ados se trémoussent pour de vieux notables pervers et aux cheveux gras. Mais la condition humaine n’a pas changé. On n’est toujours enfermé, abusé et plié.

Et dans toutes ces trames qui s’ajoutent, on tente se s’évader par l’action ou par les rêves. Les scènes d’action sont à la fois un rite de passage vers les arrières mondes libérateurs et une manière de donner l’illusion qu’on ne se soumet pas, qu’on ne peut briser la forteresse intérieure de notre être. J’exagère un peu mais il est difficile d’expliquer sans raconter le film.

Pour en finir avec les scènes d’action, elle renvoie aussi à l’univers du manga avec leurs héroïnes en costume d’écolières où l’esthétique flirte souvent avec la pédophilie. Là aussi, la confrontation avec de “vrais” personnages nous rappellent qu’on a bon dos de ne pas se soucier de ce détail quand c’est du dessin animé.

Pour conclure, c’est un écheveau plus complexe qu’il n’y paraît que nous livre ici Zack Snyder. Pour apprécier le film, il faut lever quelques écueils vus ici et là sur les forums (que je vous invite à ne pas lire) : ne comparez pas ce film à Inception, ça n’a aucun rapport (je pense plus à Brazil). Ne croyez pas que ce film est puéril et neuneu sous prétexte que les héroïnes sont de jeunes ados en costume de poupées steampunk (il est vrai que les voix françaises sont une fois de plus pénibles). Ne croyez pas ceux qui disent que le scénario est inexistant et qu’il se résume à du trémoussement obscène.

Voilà difficile de raconter sans trop dévoiler. En tout cas, ce film m’a perturbé et m’a fait pas mal cogité, ce qui pour moi est déjà le gage d’un bon film.

2 dernières choses :

– La BOF est très bonne : des remix et reprises entremêlés de Björk, les Beatles, Eurythmics, Iggy Pop et Skunk Anansie.

– Ce film m’a permis de me pencher sur les méthodes peu ordinaires des années 50 en ce qui concerne la lobotomie et notamment celle de Walter Jackson Freeman, le roi du pic à glace. C’est assez édifiant !!!

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