Site icon PATATOZOR.FR

L’edito du Lundi

C’est entre la poire et le fromage ou plutôt entre le Nem et la perle de coco (resto chinois oblige) que mon ami Groovy,à peine remis de sa Gastro, me demanda :

Mlfmlm mlmfmlf mlmmm?“. Oui car ils se nourrit principalement de riz depuis sa maladie. Ce qui donne une fois la bouche vide “Et ton Edito du Lundi, je l’ai pas vu passé?”

En réponse à cette outrecuidance de bon aloi, je n’ai pas eu d’autre manière de rétorquer qu’en regardant à travers la vitre du magasin, trompant ainsi sa vigilance.

Car il faut bien l’admettre, cette matinée fut bien chargée en tâches nobles et variées.

Bon, non. En fait je m’emmerde à supprimer 70 millions de lignes dans une base de données à coup de requêtes souffreteuses. C’est avec un profonde joie que j’ai vu le compteur du traitement réalisé passer de 0.0002% ce matin à 0.0003%. C’est pour vous dire combien j’ai un boulot intéressant qui m’oblige à noyer mon chagrin dans des éditoriaux lénifiants et la sauce aigre-douce.

Alors que faire, que dire?

Bien entendu, le succès de The Artist pourrait être un bon angle d’attaque. Mais malgré toute l’affection et l’espèce de fierté que m’inspirent cette avalanche de récompenses, je n’ai pas vu le film.

Si, il y a bien un truc qui commence à me titiller, c’est le Fact Checking, procédé qui consiste à vérifier les paroles et promesses des candidats à la lueur de leurs précédentes déclarations ou de la réalité des chiffres. Ce n’est pas ce procédé (plutôt salutaire) en lui-même qui m’interpelle mais juste qu’il soit devenu un phénomène de mode journalistique. Après avoir peiné pas mal d’années, tout le monde y va de sa petite formule :

Le Monde

Libération

Rue89

Itélé

Et c’est dorénavant les magazines qui s’y mettent à l’instar du Point.

Pendant longtemps, le journalisme politique, trop littéraire ou trop convenant (à la télé, jamais de polémique entre un politicien et un journaliste) a préféré se battre sur le front de l’idéologie plutôt que sur la simple vérification des idées mises en avant. mais pas mal de choses ont bougé depuis.

– Une concurrence plus grande sur le front de l’internet obligeant à amplifier cette méthode venue des Etats-Unis.

– Une utilisation intensive du fact-checking au coeur même des éléments de langage des politiciens (mais avec toujours autant de mauvaise foi) : petit exemple de la fausse Timeline de sarkozy 🙂

– Une demande réelle de la part des lecteurs et autres internautes à consommer rapidement de l’information.

 

SI cette démarche est salutaire, que restera t-il au final? Une bataille de chiffres digne d’une cour d’école? 

Il y a plus de chances que cette manière de procéder permettra aux politiciens de réfléchir à deux fois avant d’ouvrir la boite à conneries. Mais ce n’est que quand le fact checking atteindra les rivages du petit écran qu’il se montrera le plus ravageur. Nous pourrons espérer un autre genre de télé ou un politicien comme Mélenchon doit jouer le rôle du journaliste raisonnant, rôle totalement abandonné par un Pujadas se drapant courageusement dans les habits de l’arbitre impartial et surtout sans répondant. On nous répondrait que contester, ce serait briser la neutralité d’un tel événement alors qu’il est évident de penser que la mauvaise foi de certains fait plus de dégats à ce niveau là.

je rêve d’un débat télé avec un fact checking en live comme le font Libé et le Monde à chacun des débats télé mais directement sur le téloche.

Les faits, juste les faits sont souvent plus dévastateurs que la réthorique politicienne.

Mais attention, ce n’est pas parce que les chiffres sont vrais qu’une idée est bonne. Ils seraient idiots de basculer vers un paradigme encore plus néfaste