Je me suis rappelé à ce moment là l’une de ses grandes phrases qu’on nous sort souvent à ce propos pour nous faire peur ou pour briller en société : “l’espérance d’un individu sur le bord d’une autoroute est de 15 minutes”. Voici encore le genre d’aphorisme qu’on gobe depuis des années en se contentant béatement d’une véracité scientifique et performative toute droit tombée du ciel.
Bien sûr quand on commence à réfléchir un temps soit peu à cette affirmation, on est en droit de se demander comment on arrive à un tel résultat. Il y a deux manières de procéder pour arriver à cette statistique.
– La méthode empirique : on a procédé à un lacher de 1000 piétons sur un panel d’autoroutes françaises et on attendu qu’il se fasse écraser. il faut ensuite pondérer par la densité du trafic, l’intensité lumineuse, la couleur des vêtements. L’étude devra prendre en compte l’intelligence de chaque participant et la qualité de sa vision. Autant dire que ça la fout mal.
– La méthode statistique : on prend toutes les personnes qui se sont arrêtées sur la bande d’arrêt d’urgence et on fait un ratio entre ceux qui ont été dépannés et ceux qui ont taté l’avant d’un camion. Pas glop non plus.
En fait cette statistique concerne le temps de présence moyen sur la BAU de gens morts sur celle-ci, ce qui heureusement ne fait pas grand monde. Mais là encore je suis très dubitatif sur la méthode de calcul : utilise t-on la chaleur résiduelle du moteur du véhicule ou la distance parcourue entre celui ci et la borne téléphonique? On ne saura jamais.