Résilience

C’était il y a longtemps, avant le top 50, avant Internet, avant un peu tout en fait, pratiquement la préhistoire.

L’année exacte ne me revient pas en mémoire mais c’était avant 1986 où on tentait de bloquer l’invasion des magnétoscopes à Poitiers.

Justement, cette affaire concerne un magnétoscope,  une gros parallélépipède rectangle gris d’au moins 15 cm de haut, des gros boutons et une télécommande avec fil (si si). Le nom de la bête s’affichait sur la façade tel une injure à l’industrie électronique française, fleuron des plans quinquennaux de modernisation : TOSHIBA !!! (ou Hitashi je sais plus)

C’était le début de l’apparition de ces bouffeurs de cassettes dans les foyers français et de l’arrivée des premiers vidéos clubs. Tous les mois, il fallait au moins aller louer un film pour ne pas se faire enfler niveau abonnement. D’un autre côté, ça ne se battait pas encore au niveau de la quantité disponible. En général, c’était l’occasion d’une sortie avec mon père dans ce temple de la bande magnétique.

Il arriva un jour ou mon père me permit de choisir le film qui ferait l’objet du visionnage dominical. Autant dire que le poids de la responsabilité s’abattit sur mes frêles épaules (je devais avoir 12 ans grand max). Et me voilà arpentant les allées de la boutique cherchant le film qui ferait de moi le cinéphile affirmé des soirées réussies. Mon yeux scrutaient les étagères, mon esprit imaginant le regard de mon père fier d’un choix si judicieux. Mais plus j’avançais et plus ma détermination s’effondrait.

Les jaquettes multicolores aux titres si peu évocateurs ne m’inspirait pas.  La mansuétude de mon père quant au choix du film s’était en plus arrêtée au rayon Comédie. A mon âge, tout le reste ne pouvait être que violence et vilenie.

En désespoir de cause, j’activais le mode pifomètre et ma main s’empara de ce film…..

Oui je sais, l’affiche parle d’elle même.  C’est un gros nanar des années 70, comédie bouffonne italienne où l’humour est aussi gras qu’une joue d’adolescent, où les allemands passent pour des cons qu’on se demande comment ils ont pu menacer le monde.

Même du haut de mes 12 ans, je n’ai pas ri à ce film, ma tête tentant de d’enfoncer dans mon corps telle la tortue apeurée.

Autant dire que ma réputation de fin connaisseur du 7ème art en avait pris un coup.

Cet épisode fut longtemps l’objet de blagues à mon encontre et on me bannit définitivement de tout ciné-club.

et presque 25 ans près, cet épisode hante encore mon esprit !!!

Anecdote : le film est ressorti sous une autre jaquette plus explicite qui aurait pu empêcher ce drame.

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