“Happy the man, and happy he alone who in all honesty can call today his own;
He who has life and strength enough to say ‘Yesterday’s dead & gone – I want to live today”
Il y a un mois, j’ai acheté une Kindle touch.
Ce fut un acte impulsif comme de bien entendu : “oh jolie petite boite qui me fait du pied abandonnée et seule sur un étalage”….
Ce fut aussi un acte qui est l’aboutissement d’une longue réflexion sur mon amour du livre et de la bibliothèque..
Remontons brièvement le temps jusqu’à une époque où le pantalon de velours orange côtoyait sans honte le t-shirt UCLA violet et le tricot de peau électrique. J’ai accédé assez jeune au plaisir de la lecture en passant par la case BD. Mon père étant bédéphile, j’ai pu m’enquiller rapido toute l’école franc-belge et même au delà. Levant les yeux sur les étages supérieures de la bibliothèque, j’ai découvert qu’un nombre conséquent de livres s’entassaient sur les étagères poussiéreuses hors de ma portée. Poussé par la curiosité, j’y piochais mes futures lectures au petit bonheur la chance.
De mémoire j’ai commencé par toute une série de bouquins de la même collection, Contes et légendes, qui m’ouvrit les portes de l’imaginaire mythologique à tout jamais.
J’ai ensuite enchainé avec les quelques club des cinq, compagnons de la croix rousse et autre histoires de détectives en culottes courtes.
Je remisais d’autres livres, naturellement moins attiré par le titre, jeune prépubère que j’étais : le banquet de Platon, les onze mille verges d’Apollinaire 🙂
Puis ce fut le reste : Jules Verne, Daudet et autres illustres inconnus dont le nom m’échappe maintenant.
Puis un jour, j’accédais au Graal, le sein des seins : le centre de documentation et d’informations plus connu sous le nom de CDI !!
Pris d’une frénésie de lecture, j’explorais bêtement l’ensemble des livres proposé en partant de la rangée de gauche et en avançant vers la droite. Je lisais beaucoup, même trop vite, sautant certainement des passages pour connaître le dénouement et en comprenant la moitié.
C’est aussi vers cet âge là que je me spécialisais sur certains genres plutôt que d’autres : fantastique, science fiction, sciences, histoire, mythologie. J’esquivais les romans qui ne m’inspiraient guère dans leur description d’un quotidien souvent dramatique.
Seuls quelques vénérables anciens échappaient à cet ostracisme : Jules Verne, Sherlock Holmes, Arsène Lupin qui nourrissaient mon besoin d’évasion.
Grandissant, je n’ai pas décroché de cette envie de lire, assouvissant ce plaisir grâce à l’argent de poche et les bibliothèques municipales. Je m’imaginais prolonger ce plaisir à l’infini comme j’ai pu le décrire dans un article précédent.
Ce fut une de mes plus grandes joies d’adulte que d’obtenir un travail et les moyens de posséder ma propre bibliothèque plutôt qu’emprunter. Me voici préparant ma vision d’une retraite hédoniste, assis dans mon vieux fauteuil en cuir, en peignoir et pipe au bec, entouré de 4 murs garnis de livres, savourant quelque vieux whisky, un malinois assoupi à mes pieux, couché sur une peau d’Ours. L’ennui, c’est que je n’aime pas le Whisky…
Et comme tout amoureux du livre, de l’odeur de son papier, je me voyais mal passer le cap de la dématérialisation de ma bibliothèque au profit d’un rectangle de plastique moche. Mon phantasme so british en prenait en coup : pas terrible une pièce avec quatre murs vides et posées sur une chaise une tablette : pas facile d’étaler sa culture et de briller en société.
Je continuerai à acheter du bouquin, à les entasser sur de nouvelles étagères, augmentant la taille du camion à chaque déménagement !!!
Et pourtant, j’ai acheté une liseuse…
Et ce pratiquement pour une unique raison, c’est que je refuse de casquer quand il s’agit de lire ou relire les innombrables oeuvres tombées dans le domaine public.
L’année dernière, l’intégralité des Arsène Lupin est devenu disponible gratuitement sur internet. C’est la loi : 70 ans après la mort de l’écrivain, ses oeuvres sont libres. Néanmoins, ça n’interdit pas aux éditeurs de proposer une version papier payante ou même de le vendre numériquement. Néanmoins, personne ne peut s’opposer à leur libre circulation : il en est ainsi des auteurs cités au dessus ainsi que la plupart de ce qui est paru jusqu’au début du 20ème siècle.
Disposant d’une tablette et d’un téléphone, j’avais récupéré quelques livres électroniques pour tester le confort de lecture :
– Sur un téléphone, l’écran est trop petit
– Sur une tablette, on se fatigue vite les bras à tenir la tablette
– Dans les deux cas, il est impossible de lire dehors en plein soleil allongé dans le hamac : trop de reflet.
Voilà pourquoi j’ai acheté une Kindle. J’aurais pu choisir une Kobo de la Fnac ou une autre marque. C’est juste que la Kindle était la seule vendue dans le supermarché du coin. La technologie d’écran étant la même pour tous, je ne perds rien au change
C’est assez déconcertant au départ, l’affichage ressemble tellement à une vraie page de livre qu’on a l’impression qu’ils ont laissé une fausse image de présentation dessus.
La liseuse pèse le même poids qu’un livre de poche et ne craint ni le soleil, ni les traces de doigts. La seule chose négative est le passage d’une page à l’autre : on a une petite latence du fait de la technologie employée, l’encre électronique : pas d’effets de pages qui tourne ou autre fariboles, l’écran se recharge. On s’y fait bien vite au final.
La liseuse permet d’annoter, de rechercher dans un dictionnaire, de lire des mp3, de surfer sur internet ou d’acheter directement ses livres en ligne sur Amazon. J’avoue ne pas me servir de ces fonctionnalités. Je me contente de brancher en usb la liseuse et d’y copier les fichiers des livres.
Par contre, il y a une fonction que j’apprécie grandement, c’est la synchronisation de la dernière page lue. Imaginons que le soir, vous arrêtez la lecture du Bouchon de Cristal (une aventure de Lupin).
Le Lendemain, vous prenez le bus et l’envie de continuer vous prend. Vous lancez l’appli Kindle sur votre smartphone qui vous ouvre le livre à la page où vous vous étiez arrêtée la veille. C’est tout con mais bien pratique.
Voici au moins une manière élégante de faire coexister son amour des livres de toutes les manières que ce soient.
Le grand progrès serait effectivement de faire lier l’achat d’un livre papier avec son utilisation numérique. mais on peut rêver…