y a pas de trous dans le gruyère…

Et pourtant quand je fais le tour de mon existence, cela ressemble de plus en plus à du gruyère.

Mes étagères de livres si bien garnies d’habitude, se sont parcellées de vide, entrainant la chute de certains ouvrages dont le maintien, jusqu’alors, n’étaient permis que par la présence de voisins très proches. Ce sont autant d’apparition de toiles d’araignées inconnues, d’insectes fossilisés ou de trucs bidules machin choses tombés derrière les étagères.

Il en est de même des meubles à cd, à dvd, des armoires à vêtements, à linge et autres lieux de rangement ménager. Si j’avais été fervent défenseur d’une vision solipsiste du monde, j’en aurais conclu que je me relâchais un peu ces derniers temps…

Cette tendance à voir mon intérieur se transformer en jeu de taquin géant n’est pas près de s’inverser puisque qu’elle n’ait que la conséquence de mon divorce en cours.

D’un point de vue bassement matériel, ça fout un coup dans toute une organisation et un classement arrêté il y  pas mal de temps. Je ne sais pas comment vous procédez en matière de rangement de bouquin mais ça commence souvent pas de belles promesses pour finir en joyeux bordel. Je tente toujours de classer de prime abord par auteur et par style : les livres de sf ici, les livres sérieux par là, les bouquins autres ailleurs. Mais plus le temps passe, plus la place diminue et vous finissez par intercaler là où ça rentre et à céder au classement vertical.

Ne reste qu’au final que le salut d’une très bonne mémoire photographique.

Ce qui est facilement évident pour un pauvre bouquin ou un DVD l’est nettement moins quand ça touche à l’affectif et à l’humain. Car la phase finale de cette épreuve pas vraiment rigolote est la disparition des êtres aimés.

Et là pas question de classement, d’harmonie des couvertures ou de simple tour de passe passe. Remplir le vide existentiel laissé par cette épreuve est tout sauf une partie de plaisir. Déjà parce que le vide en lui-même est une entité souvent envahissante dans ces circonstances. Loin de se combler il peut vous enkyster jusqu’à vous compromettre. Il devient un animal de compagnie vous vidant l’âme et le coeur.

Bien sûr, comme le disent les conseils bien avisés, ça passera, etc. Mais quelques soient les épreuves, il me sera impossible de renoncer à ma part d’échec, aux liens qui m’unissent pour toujours à mon fils ou ma future ex-femme (liens plus ou moins épais) ou de devoir reconstruire une existence à partir de lambeaux, de briques primordiales (rien que ça) et d’idéaux à jamais ancrés dans ce que je considère comme juste. Se remettre en cause sans se trahir, voilà bien un but assez difficile à atteindre.

Mais au delà de la peur et de la souffrance que de tels moments m’offrent, je survis en me disant qu’au delà de l’abime qui s’ouvre devant moi, il y a certainement quelles collines à gravir et de nouveau horizons à contempler (et de nouveaux gadins parce que vous pas se mentir).

En général, j’essaie de ne jamais céder aux sirènes du renoncement. Si l’activité de ce blog est bien terne et si mes passions sont ternies, je compte bien souffler sur les quelques braises vacillantes au creux de ma volonté pour repartir dès que possible

J’ai bien entendu écrit tout ça plus pour moi que pour les quelques lecteurs pouvant éventuellement tomber sur ces mots. Donc, ne vous étonnez pas de ne pas tout comprendre ou d’y déceler quelques relents de fierté mal placées. Je tâtonne un peu dans le noir dans une pièce qui se vide. Et le plus rassurant dans ces moments est souvent de se recroqueviller sur soit-même.

 

 

 

 

 

 

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