A travers temps

À travers temps

de Robert Charles Wilson

Denoël


Voici un roman plutôt ancien de Robert Charles Wilson,enfin traduit et édité en France.

Oeuvre de jeunesse, elle n’en demeure pas moins dans la veine des autres livres de l’écrivain, tant par l’atmosphère caractéristique qui transparait que par les thèmes employés.

L’action débute en 1964. Ben Collier vit seul dans un petite maison isolée dans les collines avoisinantes d’une bourgade du nord-ouest des Etats-Unis, Belltower. C’est une petite ville de province comme une autre avec son garagiste, son docteur, son agence immobilière et ses ragots. Ben Collier est discret, solitaire et s’éloigne rarement de chez lui. Il est juste le concierge d’une maison qui sert de tunnel temporel à travers les âges pour les descendants fort lointains de l’humanité. en 1979, un homme du 21ème siècle y fait irruption, tuant Ben Collier.

1989, Tom Wilson, rescapé d’un divorce et d’une dépression prend possession de la demeure, revenant par là même dans le village de son enfance. La maison semble n’avoir jamais été abandonnée sous ses aspects désuets. Et au fur et à mesure que le temps passe, des voix se font entendre dans ses rêves puis dans la vieille télévision.

Tom Wilson, personnage central du livre passe son temps à se fuir : des parents morts trop vite, un mariage et une carrière à l’abandon, il cherche une rédemption en fuyant vers les années 60.

Billy Gargullo fuit un avenir où les catastrophes climatiques sont l’occasion de guerres sanglantes. Parasité par une armure qui fait de lui un surhomme mais le rend dépendant à l’agressivité, il s’enfonce un peu plus loin en 1952 commençant une vie de reclus et de tueurs occasionnels.

Si ce livre est bien un livre de science fiction, il s’ancre dans le présent et dans le passé. C’est un livre sur le déracinement, la solitude et la mélancolie comme Robert Charles Wilson sait si bien le faire, Très descriptif, s’appuyant sur les tréfonds psychologiques de ses personnages, nous sommes happés dans une Amérique qui se cherche, loin de l’American way of life, que ce soit celle des années 60 de Greenwich Village ou de la fin des années 80 à Belltower ou dans  l’Ohio du futur. Les psychoses sont toujours là (la bombe, la pollution), l’avenir semble sans réel intérêt. Toute ces époques ne sont plus qu’une curiosité pour des érudits d’un futur éloigné, de vieilles images jaunies.

Evitant le piège des paradoxes temporels ou l’envie d’en jouer, le récit est au contraire très bien construit et on ne souffre pas de flashbacks intempestifs. Très bien écrit, on se sent très vite en osmose avec les personnages et un sentiment de tristesse nous envahit malgré nous.

Un très beau livre 9/10

 

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