Catalogue des horreurs de Noël 8 : Bande de feignasses

D’année en année, une nouvelle catégorie de jouets prend une ampleur considérable dans les rayons : les jouets de feignasses.

 

Dans le bon vieux temps, le jeu de société, c’était un plateau, des dés, des accessoires et une règle du jeu écrite par des polytechniciens élevés par Guy Lux. On jouait en essayant de comprendre, de gruger et ça finissait en joyeux bordel.

Parfois on tombait sur le joueur qui voulait appliquer intégralement à la lettre les 167 paragraphes écrits en tout petit au risque de finir comme le barde dans Astérix. Ceci dit, n’importe qui s’appuyait sur une règle quand il s’agissait de faire chier les autres.

Au final, chaque famille française finissait par développer sa règle propre pour chaque jeu de société.

Le jeu de société, c’était un peu comme jouer à “Droit de réponse” à la maison : du débat, de l’engueulade, de la mauvaise foi mais surtout un bon moment.

Les deux candidats traditionnels étaient le monopoly (perso, on ne s’est jamais servi de l’hypothèque) et le scrabble (c’est autorisé le plus que parfait?)

 

Mais tout ça s’est fini : trop compliqué, trop long. Impossible de réunir une famille plus de 15 minutes autour d’une table. Entre Koh-Lanta, facebook et sms, impossible de se concentrer ou de se parler. D’ailleurs ça n’existe plus les familles.

Mais ne vous inquiétez amis autistes et illettrés, les multinationales ont pensé à vous. Coco tu me simplifies tout ça :

– les dés c’est trop pénible, faut lever les bras, lâcher son portable. Et ça finit toujours par se barrer sous la table.

– le plateau, ça fait des boites trop grosses. c’est compliqué, on ne sait jamais où aller et ce qu’on doit faire.

– les règles, personne ne les lit, trop ringard. Trois phrases qui percutent et ça suffit. Et on colle un boitier qui réfléchit pour vous.

– les joueurs, tu vires aussi. Le jeu joue tout seul même quand tu pars pisser.

– Pour les accessoires, on rajoute un dvd interactif à deux balles pour faire technologie de ouf.

– Et on sort plein de déclinaisons thématiques pour ratisser large.

– On laisse quand même les anciens jeux mais on appelle ça version de luxe et on les vend en doublant le prix.

 

Tous les jeux sont touchés par ce phénomène :

le cluedo : classique, junior, de voyage  version harry potter, Simpsons, services secrets avec dvd ou sans plateau.

le monopoly (attention, vous êtes prêt) : classique, cars2, révolution (il est rond, faut chanter), junior électronique, u-build (construis ton plateau), deal shaker (que des cartes), deal (des cartes aussi mais pour les pauvres), Monde, junior, Simpson, disney, clone wars, pixar et voyage.Le ponpon pour la fin : le monopoly live dont le descriptif est un exact condensé de mes réflexions précédentes :

Avec Monopoly Live, plus besoin de lire les règles du jeu, ni d’avoir un arbitre : le jeu s’occupe de tout ! Vous allez ainsi pouvoir vous concentrer sur votre but : être le joueur le plus riche à la fin de la partie ! La tour, placée au centre du plateau, détecte vos mouvements et vous guide tout au long de la partie. Il suffit par exemple de couvrir votre pion pour entendre le bruit du lancer de dés et connaître votre déplacement ! Des mini-jeux surprises viennent pimenter la partie : course de chevaux, vente aux enchères, demande de don à une association caritative… Le taxi au centre du plateau vous permettra d’avancer plus vite ou d’acheter les propriétés que vous convoitez !

Le jeu s’occupe également de gérer vos comptes et toutes vos transactions grâce à la banque électronique. Option possible de partie rapide en 30 minutes seulement.

Aux Etats-Unis, c’est 42 versions qui sont issues du jeu original

Leur espèce de tours live a été déclinée dès que trop de règles risquent d’entrainer des dommages neurologiques graves chez les joueurs : en gros plus de 3 lignes. On la retrouve sur la bataille navale qui reste le summum de la surcouche technologique pour un jeu qui au départ se compose de deux fiches bristol et de deux crayons.

 

Et ce massacre est général pour tous les jeux : trivial pursuit (10 versions), uno (9 versions), scrabble (8 versions), 1000 bornes (13 versions !!!)

On sent bien que le jeu de société est un secteur hyper concurrentiel. La plupart des jeux de société cités sont des vieillards (le monopoly date  de 1904 et le scrabble date des années 30) qui ont du évoluer pour survivre.

 

Heureusement, il nous reste toujours le jeu d’Arthur “à prendre ou à laisser” pour nous rappeler ce que c’est un jeu de merde. Voilà un jeu où on vous file 22 boites (pour ranger un apéricube surement), 22 cartes et un magnifique téléphone électronique permettant d’entendre un banquier à la voix nasillarde. Attention, je ne critique pas : ce téléphone a nécessité au moins 3 chinois à temps complet pour sa programmation. J’ai failli oublier la carte surprise!!!!

Ah la carte surprise….. Quand vous tirez la carte surprise, vous avez le droit d’écouter le spectacle d’arthur depuis une ligne téléphonique surtaxée. Pour les masochistes, la règle est disponible ici

 

LE PERE...
ET SON FILS

 

Mais pourquoi changer,enjoliver, décliner? n’y a t-il pas des jeux qui trouveront éternellement les grâces des générations à venir?

Prenons un exemple simple, l’arbre magique. Le premier arbre magique est apparu en 1975 et n’a pas bougé depuis. L’enfant est toujours aussi heureux de jouer avec. On remarque juste une persistance de la chemise à carreaux. la coupe au bol quand à elle, a trépassé.

 

 

 

 

 

Allez petit bonus pour finir de vous faire chialer, la publicité d’époque 😉

Bon la prochaine fois je vous cause de la malédiction des box de Noël, un autre symptôme de la paresse imaginative de Noêl qui met en boite tout et n’importe quoi à offrir…

 

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