Drive

Drive de Nicolas Winding Refn.

 

C’est en rentrant chez moi après le film que j’ai pris toute la mesure de celui-ci. Une demi-heure à conduire de nuit sur l’autoroute entourée des trainées lumineuses qui passent, concentré sur la route de manière hypnotique, a vite fait de me faire replonger dans l’ambiance du film.

Mais tout d’abord, quelques mots sur le scénario : C’est histoire d’un homme dont on ne se sait rien, pas très bavard, as du volant le jour comme cascadeur et convoyeur de truands la nuit. Ne s’impliquant jamais, ne s’aventurant jamais au delà des règles qu’il se fixe (pas de questions, pas de relations), l’individu ne comble son existence qu’en parcourant indéfiniment les rues de Los Angeles chaque nuit dans l’attente du lendemain. Cette solitude imposée prend fin le jour où il se prend d’amitié pour sa voisine, Irène, relation pourtant dès le départ compromise par le retour d’un mari sorti de prison.  Le passé du mari, les relations troubles de notre héros vont le pousser vers des décisions à la fois douloureuses et sans retour : je laisse le plus flou possible pour ne pas déflorer le film

 

Superbement filmé, le film n’est qu’une succession de huis-clos (appartement studio , habitacle de la voiture, ascenseur, restaurant minuscule, une salle de bains) oppressant qui se succèdent dans les méandres de Los Angeles. Même les acteurs sont filmés généralement de près et de profil, le décor restant insaisissable. les scènes de poursuite en voiture ne sont vécus que de l’intérieur de la voiture comme si l’extérieur ressemblait à ces vieux décors de film projetés sur les vitres.

On ressent constamment l’atmosphère des films de genres des années 70-80 : musique éléctro new wave, gant de cuir, blouson ringard en satin blanc et voiture quasiment d’époque (Shelvey Malibu 1973). On a même droit à une balade dans les canaux d’évacuation des crues comme dans un épisode sur deux de CHIPS. On pense à Clint Eastwood dans le rôle du cow-boy solitaire sans nom, le petit cure-dents en accessoire indispensable, les lunettes Vintage vissées au visage.

Mais le meilleur reste dans l’oscillation permanente qu’on ressent face au héros : sa gentillesse apparente, sa froideur, son mutisme, sa violence automatisée ou impulsive. On n’arrive pas à se décider quoi penser de cet homme là. On a même du mal à juger de son intelligence et dans l’intensité du calcul dans ses actes.

Il est immobile dans sa voiture et c’est le monde qui l’amène où il doit être.

Ne vous précipitez pas si vous pensez voir un film de bagnole. Précipitez vous si vous voulez voir un grand moment de cinéma.

Une réflexion sur « Drive »

  1. Un bon film tout simplement. Si je devais émettre une critique, se serait peut être qu’il ne m’ait pas plus pris au tripes qu’il ne l’a fait … L’histoire d’amour est bien tournée (simplement et sobrement) mais elle ne m’a pas convaincue (chuis pas tombé amoureux). Sinon l’ambiance musique atmosphère est très bonne et n’ayant vu ni la bande annonce et ni lu le synopsis, avant de le voir, la surprise fut très bonne !

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