J. Edgar

S’il est un réalisateur contemporain qui multiplie les styles différents de cinéma, c’est bien Eastwood.

Le vieux Clint, mis à part le souvenir impérissable de l’homme des hautes plaines , a tant varié les genres, que l’on ne sait plus où on en est.

Je me demande toujours comment on peut passer de Impitoyable à Iwo Jima, du Maître de guerre à Invictus ou de La route de Madison au “tout nouveau tout beau” J. Edgar

Tout nouveau, tout vieux

Le tout nouveau traite de la vie de Hoover, le cinglé à qui les USA doivent le FBI.

Sauf que sans être désagréable à regarder, J. Edgar est long et quand même un peu loupé.

Ce film est fait de la mauvaise patte historiographique d’Eastwood qu’il nous avait déjà servi avec Invictus, et avec l’horrible duo La mémoire de nos pères / lettres d’Iwo Jima  : à savoir l’attentisme, une mise en scène égalitaire souhaitant démontrer que les petites histoires font la grande histoire  : une vision égalitariste des opportunités et risques qu’on su saisir les les grands hommes et ce toujours de manière partiale et surtout, beaucoup de bons sentiments.

Allez voir J. Edgar et faites face encore une fois au destin de ces hypothétique géants de l’histoire… histoire qui apparaît écrite, tracée, immuable, figée et poussiéreuse, autant de stigmates de la mise en scène volontairement longue et statique de Clint.

 

Une vieille histoire de style !

Le problème c’est que si le plan fixe et le silence sur fond de clair obscur se prête aux petites histoires chez Eastwood, le même calque sur les hommes célèbres ou sur les clichés historique ne peut fonctionner, chacun associant aux personnages son idée de l’homme, de l’époque de l’histoire (la grande).

Sur ce même piège s’était déjà empalé Oliver Stone avec Alexandre (blond hair re-colored ), mais pour la démonstration mieux vaut un exemple :

– Dans Invictus, Morgan Freeman qui confond le rôle de Mandela avec celui de Dieu dans Bruce tout puissant et matt damon aussi expressif que le présentateur des chiffres et des lettres… l’une des pires scènes, aucune émotion réelle, sauf que j’ai bien failli chialer (7€ la place :/ )

– Dans l’immense Impitoyable, le vieux Clint himself qui campe un péquin complètement inconnu et qui donc n’a aucun engagement historique, MAIS qui prend son temps pour le décrire

A chaque fois, les plans fixes sont répétés, pas de musique, mais la diction, l’image correspond mieux à ces scènes de vieux avec jeune qui meublent les films d’Eastwood à chaque fois qu’il aborde le thème de la transmission.

Sauf qu’en regardant les deux extraits on ne peut que taper deux sur son téléphone tant les micro expressions existent dans Impitoyable, les personnages ne sont pas contraints, et la profondeur de champ de la plaine est évocatrice. A regarder Invictus, on pourrait penser que Mandela était président d’un cabinet dentaire… pitoyable donc.

 

OK mais l’acteur ça compte… me direz vous … et c’est sans doute pour ça que Clint se tape lui même beaucoup de ses rôles, mais dans le cas précis de J. Edgar, Di Caprio excelle… c’est pas tant ça le hic.

Le problème est ailleurs, dans les (télé-?)lubbies du vieux qui a en sainte horreur dans ses plans planplan (haha hoo hihi) de voir un corps s’agiter. Ainsi, autour du film, vous pourrez goûter aux interviews industrielles de Di Caprio durant lesquelles on ne manquera pas de vous expliquer que pour le film, il a claquer 8M€ pour le maquillage, 7M€ pour les implants capillaire afin de mieux ressembler au facho à qui est dédié le film, et le PIB du Burkina Faso en costard.

Vraiment le hic, c’est que De Caprio est bon voir très bon, comme Damon, quand il ne reste pas statique, et là, il ne bouge dans AUCUNE SCENE BORDAYL. De même, dans le trailer on retrouve la typique voix off – scénario du pauvre inside – qui infestait Iwo Jima etc etc….

Non sérieusement, il y a rien à y faire, il a beau être filmé avec du niveau et les temps grisonnantes en 3D Dolby, si Caprio ne bouge pas, il n’insuffle pas assez d’intensité, pas beaucoup de charisme, et personne couche avec lui sur le titanic. On se demande pourquoi les gens aurait suivi un mec qui fait plus VRP de funéclair que super visionnaire.
Pour exister, les personnages que le spectateur peut se représenter à l’avance ont besoin de dynamique. Je pensais pourtant que tout le monde avait vu Ali .

 

STP Clint, arrête l’historique… 

Le film historique c’est compliqué, il ne faut pas d’anachronismes, il faut pouvoir adapter certaines valeurs morales à des idées compatibles avec nos préoccupations contemporaine, et il faut pouvoir expliquer le contexte dans les 20 -40 premières minutes.

Mémoires de nos pères et Lettre d’Iwo Jima étaient bien chiants, mais le second avait le mérite d’amener un peu de poésie et de belles images.

Rassurez vous, dans J. Edgar vous n’aurez RIEN !

Seule la photo et la perf de Di Caprio sauve un peu le truc (mais en même temps à 95% du temps à l’écran, c’est limite une expo), et si vous veniez voir J. Edgar l’un des hommes les plus puissant du 20ème siècle, vous allez découvrir le détail de psycho magazine sur les détails des relations avec maman entre deux auditions au congrès.

Plutôt que de parier sur des sources incorrectes sur la vie de Hoover j’ai tend plus à penser qu’Eastwood n’a pas cherché à faire un film d’histoire mais ENCORE une fois un film sur les origines de son pays…. des origines de sa nation et ce côté historique USA qui ne pouvait être autrement, tout comme les gens qui y ont participé n’aurait jamais pu faire d’autre choix : in USA we trust.

Une remarque sur l’histoire Lindberg par ci, une attention sur le combat anticommuniste de Hoover très détaillé par là (en passant bizarrement  sous silence sa lutte contre le clan ou en surfaçant son rôle limite face au mouvement noir) … bref tout ça donne au film un ton partisan qui m’était bien pénible déjà au moment de la sortie des films sur la guerre contre ces salauds de jaunes.

Sauf que ce n’est pas en “lisant des poèmes japonais en voix off” qu’on va refaire Voyage au bout de l’enfer et ce n’est pas en faisant un plan fixe sur “le biographe du FBI en costard 3 bouton qui écoute le vieux Hoover raconter ses mémoires” qu’on va refaire vivre l’ambiance trouble du pouvoir USA façon Nixon.

 

–> Par contre, continue à faire des films originaux et à tordre des histoires

Où est donc passé le génie du vieux pour les métaphores, que ce soit la voiture Gran Torino que ce soit le fleuve dans Mystic River ?

Où est passée la liberté des scénarios comme dans Million dollar baby, Space cowboys ?

Quand est ce qu’on voit des répliques qui poutrent ???

-> DNC / jamais. Clint vieilli on dirait.

Parce que lorsqu’on revoit Mystic River  on se convainc tout de suite qu’Eastwood sait filmer les émotions, les personnalités complexes. Ce n’est que lorsque le personnage doit apparaître au fur et à mesure du film que son cinéma est de qualité.

 

JE DIS CA J’DIS RIEN

après c’est sûr, y en a qui kiffent de payer 8€ pour voire un docu de qualité France 5

merde à eux et aux critiques ciné alors !

 

 

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