Les rayons des grandes surfaces sont super bien conçus
Ça tombe bien parce que la genèse de cet article débute aux caisses d’un magasin de jardinage.
Dans ce type de magasin, alors que vous voilà armé de plants de potager, des pots, un panier pour le chien, on vous colle une dernière envie de dépenser du fric.
C’est ici que nous retrouverons le coin bibelot et verroterie, les bonbons artisanaux, les figurines en plastoc et la librairie.
En général, je lorgne très peu les livres. je ne suis guère attiré par 50 recettes de cupcake, par l’élevage du cocker de Sumatra ou comment soigner ses verrues avec du jus de papaye.
Et pourtant parmi le fatras des revues soldées, des albums de coloriage moches et un almanach de la lune, j’ai trouvé une petite pépite : “Plantes interdites : Une histoire des plantes politiquement incorrectes” (de Jean Michel Groult, Edition Ulmer).
Ne vous arrêtez pas à la couverture pseudo sulfureuse pour se faire une opinion : mon dieu la drogue, les OGM, les barbus recouverts de farine !!!
Car la grande force de ce livre est de porter un regard multidisciplinaire sur les rapports entre plantes et humains. Si la plupart des interdits (ou croyance) étaient au départ mystiques ou médicales, l’éventail de la prohibition s’est depuis élargi aux considérations politiques (voir géopolitiques), économiques, ou ethnologiques. L’auteur ne se place pas sur le plan de la morale et déploie une analyse sans préjugés (non sans humour).
Comme souvent la règle de base est de toute interdire par défaut et de légiférer sur les exceptions. Ses considérations sont souvent partisanes, influencées ou prônant stricto senso le principe de précaution. La peur de l’invasion, de l’épidémie, du jeune tenté par les paradis artificiels, tout est bon pour serrer la vis
Ce livre permet de rétablir quelques vérités (notamment sur l’interdiction de l’absinthe et le rôle non négligeable des lobbies du vin) de découvrir des utilisations insoupçonnées (les plantes abortives) ou des histoires loufoques (la plante bolchevique envahissant l’Allemagne hitlérienne).
Histoire parmi tant d’autre : la lutte contre le cannabis s’est intensifié dans les années 30 aux USA pour occuper les agents en charge de la prohibiton de l’alcool (abrogée dans ces années là).
A vouloir dompter la nature et faire l’impasse sur le caractère dynamique de la bio-diversité (et oui les plantes ça bouge), l’humanité se bat contre des chimères et veut ériger des barrières au frontière.
Un remarquable ouvrage, lisible, illustré et qui se lit d’une traite.