Les univers parallèles

Univers parallèles , Du géocentrisme au multivers

Tobias Hurter, Max Rauner

CNRS Editions


Voici un livre que j’avais commencé il y a deux semaines sans dépasser la quarantième page. Il a fallu un après midi pluvieux pour que je le finisse.

Comme je l’ai déclaré dans la critique de “A Scanner Darkly“, ce week-end a vraiment été l’occasion de réfléchir sur la notion de réalité.

Ce livre, acheté un peu au pif, est un très ouvrage de vulgarisation scientifique. Construit comme une enquête policière à charge et à décharge, Il nous relate l’histoire de la cosmologie depuis la plus haute antiquité avec ses dogmes, ses précurseurs, ses combats et ses interrogations. Si, comme l’indique la couverture, le sujet reste la notion d’univers parallèles, les auteurs relatent avec talent les chemins sinueux de la science pour aborder le sujet.

Les univers parallèles ne sont pas une invention récente. Leur hypothèse a été abordée à chaque période de l’histoire humaine par quelques penseurs éclairés : Lucrèce, Giordano Bruno, Spinoza et bien d’autres ont émis l’idée de mondes divers et variés. L’idée d’une création multiple si elle ne remet pas en cause les dogmes de l’église a plutôt mal été accueilli par le clergé qui préféra conserver l’idée géocentriste de l’univers. Mais siècle après siècle, les coups de butoir du rationalisme scientifique eurent raison de la vision ptoléméenne de l’univers : Copernic, Kepler, Newton érigèrent les règles constitutives de l’astronomie “moderne” (avec une certaine réticence religieuse de ces auteurs).

Ne restaient plus qu’à faire tomber d’autres murs comme l’idée d’un univers fini et immuable, ce que fit le 20ème siècle avec Hubble, Gamow et bien d’autres qui démontrèrent le Big Bang, l’expansion de l’Univers et l’accélération de celle-ci.

 

Malgré ces progrès fantastiques, les scientifiques butent dorénavant sur d’autres problèmes physiques voir métaphysique : pourquoi l’Univers est-il ainsi et pas autrement ?, comment expliquer qu’on ne trouve pas l’énergie ou la matière nécessaire à la validation des théories (les fameuses matières et énergies noires), pourquoi la théorie des cordes sensée être le pont entre l’infiniment grand et l’infiniment petit ne fait que compliquer le problème (10500 possibilités)?

C’est dans ces conditions que les univers parallèles ont retrouvé leur attrait pour expliquer l’inexplicable (et permettre comble du luxe de se passer de créateur). Bien entendu, il faut s’étendre sur les définitions et les auteurs s’y emploient judicieusement.

4 niveaux sont potentiellement théorisables :

le niveau 1 : L’univers est infini et donc assez vaste pour contenir en son sein une combinaison infinie de même représentation. Plusieurs terres, soleils cohabitent ici et là en variances infinies. Les lois physiques sont les mêmes pour tous.

le niveau 2 : Les univers cohabitent ensemble comme des bulles de savon dans un bain moussant : ils naissent, gonflent et éclatent à des rythmes différents. La différence vient que les règles physiques varient d’un univers à l’autre.

le niveau 3 : on passe d’un espace physique à un espace de configuration mathématique. Faisant appel aux fondements de la théorie quantique, chaque univers nait d’un état de superposition d’événements probables. On retrouvera avec plaisir le chat de Schrodïnger dans cette aventure ainsi qu’un physicien nommé Hugh Everett, père du chanteur du groupe Eels.

le niveau 4 : c’est celui où tout ce qui est imaginable est envisageable comme le fait que l’univers connu ne soit qu’une énorme simulation informatique (ça me rappelle quelque chose).

 

Si toutes ces théories et approches ont un intérêt certain, elles se heurtent malheureusement à l’impossibilité de leur vérification par l’expérimentation. Cette ambiguïté fit que l’on s’en référa à l’anthropisme : l’univers existe tel quel car nous ne serions pas là pour l’observer.

 

Au final, c’est un livre passionnant, très instructif, jamais obscur et qui donne à réfléchir : 8/10

 

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