On refait la route

C’est vrai que je parle des mes états d’âme sur la route dans le sens maison-boulot mais jamais boulot-maison.

D’un autre côté, autant le trajet matinal connaît une montée (certes lente) de l’activité neuronale, terreau à de sombres réflexions, autant celui du soir n’est que le prémisse crépusculaire de toute pensée originale.

Imaginez-vous qu’un retour, ce n’est que le rembobinage, d’une scène déjà jouée : même virage, même radar, même embouteillage, même connard, même ennui.

 

Pour tromper la routine, la radio est un bon compagnon. Il faut bien sûr tomber sur le bon débat, la bonne émission, les bonnes personnes.

– On peut tenter la litanie sans fin de France Info comme bruit de fond pour, au final, ne rien retenir.

– On a aussi l’option France-Inter à condition de tomber sur un débat intéressant. j’ai un peu de mal de me taper une heure d’émission sur l’Ouzbékistan.

– Reste RTL et son émission “On refait le monde” qui tend à devenir le lieu d’arrêt au stand.

Ca fait pas mal d’années que j’écoute cette émission présentée alors par Pascale Clarke puis Nicolas Poincaré. C’était plutôt sympa avec des polémistes qu’on aimait ou pas.

Mais depuis 2010, c’est Christophe Hondelatte qui est revenu aux manettes et on peut clairement dire que ça s’est fortement dégradé.

Concernant l’animateur lui-même, le qualificatif “insupportable” est celui qui lui va le mieux : toujours à moitié hystérique, il ne peut s’empêcher de faire son show sans apporter un réel intérêt à cette émission. Le pire étant qu’il se croit drôle alors qu’il ne l’est pas : vannes pourries à la limite du clin d’oeil complice (ce qui est un réel plus à la radio), fausse impertinence caricaturale : “je me fais volontairement polémique : la mort c’est bien ou pas?“. Christophe Hondelatte arrive en général les mains dans les poches, pose sa veste en cuir et attrape les fiches bristol préparées par les grouillots. son seul rôle actif dans l’émission est de promouvoir la “langue de vipère” permettant aux auditeurs d’élire un des polémistes à coups d’appels surtaxés. Jeu complètement con puisque inévitablement, c’est le polémiste de droite qui gagne.

En résumé, Hondelatte est aussi bon journaliste que chanteur.

 

Mais bon , à la rigueur, on peut pardonner à l’émission quand les débatteurs savent plus relever le niveau que l’animateur. Heureusement, c’est souvent le cas avec des intervenants qui tentent de séparer le bon grain de l’ivraie.

Comme dans toute émission de ce genre, on se félicite de l’analyse de certains parce qu’elles sont intelligentes, raisonnées ou plus subjectivement en conformité idéologique avec bibi.

On s’irrite plus des points de vue différents. on râle seul dans sa voiture mais ça c’est le jeu ma pauvre Lucette : un débat, c’est de l’antagonisme et apprendre à écouter les idées de “l’autre”.

Mais parfois, je zappe totalement quand je sais qu’il y aura tel ou tel polémiste car ceux-ci ne s’inscrivent que dans une image provocatrice, réactionnaire et autocentrée. Enfermée dans leur caricature, ils ne font que se draper dans leur vertu, leur rôles de penseurs éclairés dans l’obscurantisme, vociférant ou se faisant le porte parole de la masse silencieuse (tellement pratique).

Parmi les pires et de loin, nous avons Ivan Rioufol et Elisabeth Levy. Si leur discours est plutôt à droite, il pousse l’accélérateur pour défendre le beefsteak d’une droite décomplexée genre néoconservateur.

Dans un tout autre rôle, nous avons Rokhaya Diallo, qui maintient toujours un certain flou sur ses convictions anti-racistes en faisant la promotion d’un multi-culturalisme à l’américaine, qui en ce qui me concerne, est loin de faire ses preuves. Il y a toujours une certaine ambiguité antre sa conception de la laïcité et la fait d’embarquer l’islam sur le terrain public. Mais néanmoins, ces idées et ses angles d’attaque sont intéressants.

Recentrons sur les deux tristes sires précédents


Ivan Roufiol est éditorialiste au Figaro, comme Yves Thréard et Alain Gérard Slama qui interviennent aussi dans l’émission. mais au contraire de ses petits camarades qui font preuve d’une analyse somme toute conforme à leurs convictions mais avec une ouverture d’esprit tout à leur honneur, Ivan Rioufol fait de ses idées un paradigme universel, une vérité immanente sans contestation aucune. C’est le roi du performatif : je le dis donc c’est vrai.

D’ailleurs ceux qui seraient amené à contester ses propos ne comprennent rien, sont bien-pensants, droits-de-l’hommiste, du racisme anti-raciste, et n’ont rien compris au monde ou au vrai message porté par la majorité silencieuse. Ivan Rioufol est frustré s’il n’a pas pu placer dans un texte “islamisme” “communautarisme”, “menace contre l’occident” et autre mot abominable. cet homme aurait été un pote de mac Carthy. Ivan Rioufol est le croisement fou entre un troll bien velu et un point Godwin.

Réac et fier de l’être, son discours est tellement prévisible qu’il n’a pas plus d’intérêt que le cri du yorkshire derrière une clôture.


Passons du petit toutou pour lectrice nonagénaire du figaro au Pitbull hurleur avec Elisabeth Levy.

Elisabeth Levy ,écrivain et journaliste du site Causeur.fr se résume en une phrase : “Non mais, y en a marre!!!

Toutes ses réponses se doivent de commencer avec cette phrase (qui rappelle un peu la ligne de défense d’Eric Woerth) en hurlant le plus possible. Je plains la personne en face qui doit manger grave du postillon. Et pour empêcher les interlocuteurs de débattre, elle coupera sans aucune retenue la parole pour entamer son deuxième cri de guerre : “Je ne peux pas laisser dire ça

Usant de la contre réthorique propre aux éléments de langage des néo-réacs, elle retourne l’argument de la démocratie, de la liberté en érigeant les idées conservatrices comme seules valeurs universelles et libertaires.

Pour imposer un discours réactionnaire, autoritaire et anxiogène (malgré hélas des analyses parfois de bon sens), on se déclare comme seul rempart d’ennemis qui semblent tout droit issus des films de propagande des années 30 : le bolchevik avec le couteau entre les dents, le feignant et oisif socialo qui va nous faire perdre la guerre, le parti de l’étranger et les étrangers de plus en plus nombreux

 

Petite remarque : le vendredi, c’est Bernard Poirette qui anime l’émission. Et rien que ça c’est un grand soulagement de retrouver un présentateur un peu plus posé et professionnel.

 

 

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