Archives de catégorie : Critiques

Des Choses fragiles de Neil Gaiman

Après un excellent livre comme “Nobody Owens“, la meilleure manière de se faire plaisir est de de continuer avec le même auteur. J’ai donc enchainé avec “Des Choses fragiles” qui trainait sur la troisième étagère gauche en partant du haut à côté de la lampe rouge (enfin à peu près).

C’est un recueil d’histoires courtes de longueurs variées mais avec un plaisir constant dans la découverte. Ce sont autant de petits bijoux d’écritures, teintés d’étrangeté, de délicatesse et d’autant de sentiments qui inévitablement vous touchent. C’est souvent effrayant, dérangeant ou tordu mais toujours d’une originalité sans bornes.

L’auteur a de plus pris le temps en début d’ouvrage de raconter l’histoire personnelle de chacune de ses oeuvres, en y glissant encore quelques petits récits de dernière minutes.

Il faut saluer le travail de traduction qui ne gâche en rien la lecture en évitant une patine qui ternit la magie des histoires

Sans aucun nul doute, Neil Gaiman est un des plus grands auteurs anglo-saxons actuels. Et ce livre est une merveilleuse manière de le découvrir.

Il a d’ailleurs encore raflé cette année le prix Hugo de la meilleure histoire courte.

 

Moi Député (The Campaign)

Vendredi soir, je suis allé voir un film de Super Héros. Non pas ceux à capes et marteau comme dans the Avengers (Qui ma foi m’a plutôt bien diverti) mais du genre à sauver l’Amérique à coups de belles promesses démagogiques, de patriotisme niaiseux et de bigoteries sans conviction.

Pour tout français pétri d’américanisme primaire et de nombrilisme bien pensant, la description de la vie politique américaine du film  ne surprendra pas : Corruption au nom d’intérêts capitalistes supérieurs, Spin Doctors, promesse de campagnes, langue de bois, story telling, Jésus, Famille, Amérique, Jésus, strass et paillettes et Jésus….

Pour une vraie satire d’une campagne politique, vous pouvez toujours revoir un film comme Bob Roberts qui vous en apprendra surement plus (et éventuellement lire Tocqueville).

Ce film est avant tout l’occasion de voir deux acteurs en faire des tonnes dans leur rôle de candidat aux sénatoriales.

D’un côté Cam Brady (Will Ferrell), politicien chevronné et rodé, indéboulonnable de sa circonscription car seul candidat à chaque élection.

De l’autre Marty Higgins (Zach Galifianakis), gentil candide du patelin, fils d’un potentat local et animateur de l’office de tourisme.

Cette élection si démocratique n’est qu’une vaste fumisterie où seul compte l’intérêt final des frères Motch, Entrepreneur sans vergogne qui veulent implanter leurs entreprises chinoises sur le sol américain mais en gardant les ouvriers et les condition de travail d’origine.

La campagne s’enchaine ensuite, cruelle, bête et méchante entre un vétéran qui perd tous ses moyens (surtout financiers) et un amateur qui se prend au jeu jusqu’à piétiner ses propres idéaux : le pouvoir corrompt, etc.

Et il faut avouer que tout ce déballage sans finesse est franchement réjouissant surtout quand les candidats font appel aux plus belles “valeurs” américaines : anti-communisme primaire, culte des armes, Sex-Tape, famille unie de façade et Dieu à tout bout de champ.

Will Ferrell s’en sort brillamment tant il maîtrise le personnage. Il faut dire qu’il est un habitué du genre ayant de nombreuses fois endossé le costume de George W. Bush Jr.

Malgré son aspect critique, le film reste à la surface des choses ne faisant que dénoncer des travers connus de tous. Et comme nous sommes quand même en Amérique, il faudra à la fin que le système soit sauvé in-extremis par ces mêmes valeurs que le film tourne en dérision tout au long de l’histoire, ce qui est assez déroutant.

Ce n’est au final qu’une version un peu plus trash de “Monsieur Smith au Sénat” avec le même beau discours à la fin.

Néanmoins, on rit et c’est bien là l’objet du film en fin de compte. Mais surtout, allez le voir en VO !!

Et en ce moment, on en a bien besoin…..   7,5/10

 

 

 

L’étrange vie de Nobody Owens

 

Neil Gaiman (Auteur),

Dave MacKean (Illustrations)

 

Il est des événements qui vous gâchent un été : le mauvais temps, une panne de bagnole, la varicelle…

Mais parfois il vous suffit de peu de choses pour vous construire des souvenirs oh combien meilleurs.

En ce qui me concerne, cela s’est concrétisé pas plus tard que ce week-end grâce à la lecture de ce petit bouquin de Neil Gaiman, allongé dans un hamac sous le feuillage d’un arbre.

Je sais bien que le risque d’être déçu était bien faible sachant combien j’apprécie cet auteur par ces livres (American Gods, Anansi Boys), ces scénarios de Comics (1602, The Eternals) ou les adaptations ciné qui on été faites (Coraline, Stardust).

 

Petit apparté d’ailleurs, je viens de me rendre compte en consultant Wikipédia qu’il est marié à la chanteuse Amanda Palmer, que j’apprécie beaucoup aussi !!!

 

 

Ce livre commence par un drame des plus terribles : l’assassinat d’une famille par un tueur sans pitié appelé “le Jack” (ce qui fait penser à qui vous savez). Seul un petit enfant échappe au tueur en trouvant refuge dans le vieux cimetière situé sur la colline avoisinante. Celui ci a traversé les siècles, entre parc naturel, tombes branlantes et vieux caveaux marmoréens à l’architecture ambitieuse. Ce n’est là qu’un des aspects de ce cimetière qui semble posé là depuis que l’Angleterre est une île.

Les habitant vaporeux et fantomatiques du cimetière se chargent de protéger la petite âme sans défense et d’assurer son éducation : Voilà donc le Petit Nobody Owens (du nom de ses “parents” adoptifs) citoyen à part entière du cimetière, privilège qui lui permettra, bien que vivant, de percevoir le monde caché de cet étrange lieu. Protégé par Silas, son tuteur, personnage énigmatique qui sans être un fantôme n’est pas vraiment humain, il va partir à la découverte de ce que le commun des mortels ignore.

En grandissant, il essaiera de connaître le monde extérieur avec plus ou moins de succès surtout que l’ombre du tueur de ses parents rôdent encore, menaçante.

A chaque chapitre, nous suivons le petit garçon (puis le jeune adulte) partant à la découverte de nouveaux habitants plus étranges et farfelues que les autres : un poète maudit, une sorcière brulée, des goules, une vouivre. Même la mort fera quelques apparitions

Impossible de ne pas penser au Livre de la Jungle de Kipling en lisant ce texte : un enfant abandonné recueilli par les animaux de la jungle dont il percera les secrets en grandissant. Dans un style plus macabre mais autant poétique et merveilleux, Gaiman en profite pour sortir du grenier les contes et légendes d’autrefois comme il a su déjà si bien le faire dans American Gods. Si l’histoire se passe de nos jours, jamais la modernité ne montre son nez tellement nous nous sentons hors du temps dans ce monde ou vivants et fantômes cohabitent et dansent même parfois lors d’une nuit unique et rare. C’est aussi une leçon d’histoire sur la manière d’enterrer les morts selon la classe sociale ou les choix de vie (en terre non consacrée).

Si ce livre est classé jeunesse, il est aussi un très bon livre pour un adulte happé dans la lecture avec le même bonheur qu’on peut avoir en lisant Peter Pan ou Alice.

Un petit bijou précieux que cette étrange vie de Nobody Owens…

En plus il est sorti en poche donc ça coûte que dalle.

 

 

Transitions de Iain Banks

 

Voici paradoxalement ma première lecture d’un auteur que j’ai lu pourtant plus d’une fois.

Cet auteur écossais signe ses livres différemment selon qu’il s’agisse d’ouvrages de science fiction ou d’oeuvres littéraires plus réalistes : pour ces derniers, la particule “Mac” s’éclipse. Par contre le prénom avec son “i” planqué reste le même.

Voilà un gars assez doué (à la manière d’un Dan Simmons) pour s’émanciper de la SF et s’aventurer avec brio vers d’autres styles, du moins si l’on en juge par les éloges catalogués sur le quatrième de couverture : “palpitant”, “flamboyant”,”divertissant”, j’en passe et des meilleures.

Donc pour Transitions, Iain Banks s’éloigne de la SF mais pas totalement non plus. On reste dans un registre fantastique et scientifique. Si l’intrigue semble se dérouler sur une terre bien contemporaine, c’est bien dans un multivers infini que nous nous trouvons,  où chaque terre s’est développée avec ses propres subtilités, ses propres guerres et ses propres maux. Si parfois, la différence nous saute aux yeux, elle est aussi discrète qu’une poignée de portes qui change de couleur. Naviguant entre ces mondes, une organisation tente d’influer sur leur destin en y envoyant ses agents : ici on sauve un enfant, ici on tue un milliardaire, ici on glisse une idée… Autant de manières de peser sur les trames des probabilités.

Nous voici donc plongé dans cette agence, le Concern, avec ses guerres internes, ses complots et ses manipulations. Personnage principal du livre, M. Temudjin Oh est un de ces agents, un transitionnaire, chargé de glisser à travers les mondes grâce à une drogue, le Septus. Simple pion à la solde de Mme d’Ortolan une oligarque du Concern, il s’opposera à cette dernière autant par amour que par idéalisme.

Comme tout bouquin de Banks, c’est superbement écrit (et traduit). Le découpage de l’histoire se fait par chapitres (pas vraiment chronologiques) où nous suivons le cheminement des différents personnages : le transitionnaire, le philosophe (un tortionnaire), Adrian un golden boy égotiste et ambitieux.

Cet ouvrage est aussi un pamphlet virulent contre le monde de la finance et les pensées qui honorent le monde de la high society. Les monologues d’Adrian, ces combines de dealer puis de boursicoteur sans scrupules sont autant de révélateurs du mal-être d’une société qui ne survit que par le nivellement.

Banks s’amuse aussi à imaginer des mondes où la menace terroriste principale est chrétienne et généralisée.

Honnêtement, j’ai été plutôt déçu par ce livre. Malgré ces nombreuses critiques dithyrambiques, ce livre reste plutôt conventionnel et ne m’a pas fait vibrer plus que cela : c’est un bon livre de saison dirai-je, nickel pour le hamac.

Il se lit vite et bien. Sans être emballé, on ne s’ennuie jamais. Si Banks traite un thème classique (les univers parallèles), il a le talent d’aborder ce concept à travers ces ambiguïtés : Si les mondes sont infinis, pourquoi le Concern n’a t-il jamais rencontré son équivalent)? Pourquoi ne croisons nous jamais d’univers où les extra terrestres existent?

Cela reste donc un ouvrage très divertissant, cynique, bien écrit et qui fait réfléchir. On a vu pire.

 

 

 

Futurama : c’est reparti

La saison 7 vient enfin de démarrer sur Comedy Central !!

C’est un vrai bonheur de retrouver la joyeuse équipe de Planet Express.

Pour ceux qui ne connaissent pas, cette série a été conçue par Matt Groening, le créateur des Simpsons. Elle se déroule au 31ème siècle sur une Terre où robots, extraterrestres pullulent. Fry un jeune crétin de notre époque s’y retrouve catapulté après avoir été cryogénisé 1000 ans.

Plus adulte que les Simpsons, plus cynique aussi, Futurama aborde bien entendu les différents thèmes chers à la science-fiction. Il n’oublie pas non plus de se faire critique sur l’humanité en général ni de traiter de sujets plus actuels

Les deux premiers épisodes ne dérogent pas à la règle :

The Bots and the Bees : cet épisode nous apprend tout sur la sexualité des robots et leur reproduction. Et oui, ils se reproduisent !! La production ne suivant pas la demande, on a pourvu les robots de cette capacité, comme Bender va le découvrir à ses dépens

A Farewell to Arms : La prophétie l’a annoncé, la fin du monde aura lieu en 3012. Chacun se prépare à sa manière à l’événement. Heureusement les anciens mayas Martiens ont tout prévus.

En attendant de profiter de cette saison (enfin du moins pour certains), voici la bande annonce qui reprend le générique de la série mais en plus “artisanal”

Bite my Shiny metal ass !!!

 

L’Edito du Lundi

Bonjour,

c’est n’importe quoi, je fais rien et pourtant ce n’est pas comme si je ne pensais rien, ne regardais rien ou autre chose sans intérêt.

Mais J’ai plus la tête dans des projets de travaux que dans les méandres du blog

Alors trêve de bavardage : voici à la suite de cet édito light, les avis light, les critiques light de tout ce que je n’ai pas dit.

 

Commençons par les films

Underworld awakening : à l’instar de Resident Evil, on trouve toujours une occasion de prolonger l’aventure à coups de flashback, de progéniture avarié ou saut temporel. Après un premier film qui était ce qu’il était et une piètre suite, voici que tombe le dernier opus. Après le bond dans le passé, le bond dans le futur. Notre héroïne de vampires se réveille 30 ans plus tard dans un monde qui a éradiqué les Lycans et les vampires. Ca coûte moins cher en figurants. Elle se retrouve par contre affublée d’une fille tout droit sortie de l’exorciste quand elle s’énerve (genre peau avariée). Si ça n’a rien d’exceptionnel, je le trouve plus regardable que les deux films précédents, mieux construit et moins brouillons. Par contre au niveau de l’animation des bébêtes à poil, on croirait plus de l’anim image par image que de la synthèse : une restriction de budget?

Comme il se doit tout finira par une boucherie et un cliffhanger histoire de faire une suite : 5/10 (canapé), 9/10 (EFS)

 

 

Le Clash des titans : on prend les mêmes et on recommence : ce film comme le précédent n’est qu’un festival de fausses barbes et de bons sentiments culcul la praline : fiston est fâché avec papa, papa est fâché avec frangin, le frère jalouse son demi-frère (qu’a même pas de super pouvoir, le nul). Et pendant ce temps Grand-Père (Cronos) est en taule et voudrait bien zigouiller tout le monde. Samuel Worthington gagne encore la palme du visage le moins expressif au monde : la colère, la joie, la peine donne lieu à un léger rictus de la bouche mais surement pas plus. De toute façon, on a tout mis dans les effets spéciaux et le popcorn. D’ailleurs, pour bien vous faire comprendre que le film est nul : y a pas Mouloud. C’est maintenant une certitude : le genre Peplum est définitivement mort : 4/10 (licence d’histoire), 8/10 (fan de pétard mammouth).

 

 

 

ah une BD aussi

Invincible tome 7 : Mars attaque : Cette BD est toujours aussi plaisante entre loufoquerie de super héros, invasion zarb et les les états d’âmes du jeune Grayson tenaillé entre ses devoirs de super héros et sa vie sentimentale de “simples humains”. je vous renvoie à la critique du tome précédent pour vous rappeler tout le bien que j’en pense

Prometheus

25/06/2012 : Article mis à jour avec la critique de Chien de Presta..


Réalisé par Ridley Scott

Avec Michael Fassbender, Charlize Theron, Noomi Rapace

Je préviens tout de suite, Impossible de parler du film sans en dévoiler les tenants et aboutissements. Si vous ne l’avez pas encore vu, fuyez !!

Le film se déroule environ 30 ans avant Alien. En 2093, le vaisseau Prometheus fait route vers le monde LV-223. Sur terre un couple d’archéologues Elisabeth Shaw (Noomi Rapace) et Charlie Holloway (Logan Marshall Green) ont trouvé les preuves de l’intrusion d’une civilisation extraterrestre, les “Ingénieurs”, dans l’histoire de l’humanité. Des fresques à travers le monde font état de Géants guidant l’humanité depuis un système planétaire lointain. il trouve un écho auprès de Peter Weyland de la compagnie du même nom qui finance l’expédition. Les voilà débarquant sur une planète décharnée et vide de vie cherchant à trouver les origines de l’humanité

 

Inévitablement, le film fait largement référence au film Alien.On y retrouve la compagnie Weyland qui oeuvrera par la suite, les décors de Giger et surtout le Space Jockey qui n’est autre que l’élément fondateur de ce film. C’est à partir de cette énorme créature que s’est construite l’idée d’un Préquel à Alien.

Mais si en effet on peut relier ce film à Alien de par les créatures et la chronologie, Prometheus se construit plus comme une histoire parallèle autonome. D’ailleurs, ce n’est pas, au contraire de ce qu’on pourrait croire, la même planète que celle abordée par l’équipage du Nostromo d’Alien. De même le space jockey, espèce de créature moitié mécanique, moitié organique devient dans Prometheus une espèce humanoïde plus prononcée dont l’aspect extérieur aperçue dans Alien n’est en fait qu’une combinaison spatiale. On sent bien que l’on s’éloigne de l’idée originale.

Si Alien se construit sur un confinement sombre et étouffant, Prometheus s’ouvre aussi sur la grandiloquence des décors extérieurs ou vers la mise en scène d’effigie quasiment marmoréenne (me demandez pas pourquoi ce mot m’est revenu à l’esprit). A la claustrophobie vient se rajouter l’agoraphobie. Ridley Scott voulait retrouver le pur plaisir de l’épouvante, du malsain, de la déshumanisation à travers ce film. C’est plutôt bien réussi et je me suis plus d’une fois crispé sur le fauteuil même si on s’attend d’avance aux conséquences des rencontres entre les humains et les quelques bébêtes sympathiques du film.

C’est aussi un film où une fois de plus les femmes mènent la danse. Entre Charlize Theron et Noomi Rapace, chacune a un rôle entièrement construit par rapport au père (l’un parti trop tôt, l’autre trop présent), cherchant à se délivrer du poids de ce dernier, voire à le tuer symboliquement parlant.

Le space Jockey d’origine

Le parallèle saute inévitablement aux yeux puisqu’il en ait de même entre les hommes qui recherchent dans les Ingénieurs un père qui les a aussi abandonné jeune. Quoique dans ce cas, Les relations semblent plus houleuses tellement le père semblent renier le fils.

Et que dire de David l’androïde pour qui ces questions existentielles sont inopérantes

Comme toute relation du genre, le film nous laisse avec plus de questions que de réponse et nous frustrera comme l’enfant né sous X. Nous ne serons pas pourquoi et comment les Ingénieurs sont à l’origine de l’homme (une erreur, une expérience) pas plus que nous ne saurons pourquoi ils veulent nous anéantir (des espoirs déçus, la peur).

Faut-il voir derrière tout cela une volonté du réalisateur du film et du scénariste (comme par hasard celui de la série Lost qui dans le genre à frustrer est pas mal dans le genre) de nous priver d’une partie des réponses que nous sommes en droit d’avoir après avoir payé une place de ciné et des lunettes en plastoc? Le film laisse la porte ouverte à une suite qui pourrait nous apporter les réponses laissées en suspens. Mais rien n’est moins sûr. C’est peut être le début d’une nouvelle saga comme celà peut être juste le même tombeau que les questions qui habitent l’homme de tout temps : d’où venons nous, Pourquoi sommes nous là et ou allons nous?

Le film se glisse dans ce triptyque et continue sa route. Pas de réponses mais toujours les mêmes questions. Prometheus se calque sur les désirs de l’humanité et sur ses frustrations et se complait à les affirmer pour notre plus grand malheur.

Il y aura certainement encore beaucoup de ruminement autour de ce film (ce qui semble voulu). Exemple : pourquoi faire des statues géantes de tête? Est ce une personne en particulier? Une symbolique?

Selon la façon d’on se heurte à cette frustration, on aura un très bon film ou un film bon sans plus

J’oscille entre ces deux tendances. Mais à l’heure où j’écris l’article, c’est plutôt vers le très bon que je pointe : 8/10

 


Critique de Chien de Presta :

la séance de ciné m’a laissé exactement le même goût que pour Kingdom of Heaven : c’est à dire une histoire bien posée, des jeux d’acteurs pointus dans des scènes bien identifiée, mais avec des trous … des gros trous rendants des revirements de personnages ou des déroulements un peu comme sortis du néant

et dans le cas de Kingdom of Heaven, la version longue montrait un film assez différent, car avec quelques scènes en plus on comprenait mieux certaines choses.

MEGA SPOILER :

J’ai l’impression que par exemple, la manière dont est décidée l’expérience sur le Pr Holloway est rapide, que le perso de Weyland est filmé dans la version ciné comme si d’autres scènes existaient pour nous le rendre plus présent.
De même, à la fin du film, la manière dont les mecs se disent « bon après tout, life sucks, on fonce sur le vaisseau » est un peu rapide.

Le cas de Vickers est peut-être un peu différent : elle apparaît distante et mystérieuse, mais je pense que c’est ce qu’il voulait aussi…. donc ça ne m’étonnerait pas que ce choix conjugué au coupage truelle du montage donne lieu à un film beau mais avec des trous.

-> Par contre j’ai adoré le perso de l’androïde, parce que son évolution est à rebours de celle des humains dans la saga.
De Prometheus au dernier Alien, les humains se montrent de plus en plus des-humanisés, et la saga est vraiment orientée dans ce sens : exploration en vue de trouver dieu -> tentative d’exploitation de la créature par une compagnie -> exploitation de l’homme pour essayer de conserver la créature -> tentative de récupération à des fins militaires

Alors que pour les androïdes, j’ai apprécié le fait que David soit dans Prometheus assez rude, puis que dans Alien son homologue le soit mais avec des regrets jusqu’à ce que pendant les Alien 2 et 3 les androïdes annoncent à Ripley qu’ils ont été « corrigés » pour être plus humains et dans Alien 4, c’est l’androïde qui, bien qu’interdite par les humains prend l’initiative d’essayer de sauver la terre !

C’est ce rebours qui permet à mon sens la profondeur du film et qui doit manquer dans les scènes. On voit bien que la version ciné commence sur une présentation de David comme une créature qui « connait », un monstre savant de la culture humaine, mais qui n’en fait rien. On sent aussi que le perso de Holloway et David sont dans une sorte de compétition, peut-être affective ou que David le manipule, mais on ne le voit que parce que le scénario apparaît décousu.

Je mise une binouze que David se prend d’affection à la base pour le couple de Holloway et de Shaw pendant qu’il sont en stase, mais qu’il se rend compte qu’Holloway n’aime pas Shaw tant que ça. C’est sans doute lui qui suggère à Weyland de tester la substance sur Holloway, avec un résultat qu’on connaît, et c’est une forme d’agression qui vise justement à tuer le père amha

vivement le director’s cut : I want to believe.  7/10

 

 

 

 

La complainte des landes Perdues : La fée Sanctus

De temps en temps la bande dessinée accouche d’une bonne série d’Héroïc Fantasy. Quand je parle de bonne série, j’entends par là celle qui ont réussi à évacuer l’héritage lourdingue de Tolkien et autres Donjons et Dragons. C’est bien sympa les elfes, les paladins et autres mages à chapeau mais quand on en a vu un, on les a tous vus.

 

Dans le années 80, on a eu la Quête de l’oiseau du temps et la légende des contrées oubliées novateurs aussi bien par leur trait que par l’originalité de leur scénario respectif.

Dans les années 90, c’est  la série “La complainte des landes perdues” scénarisée par Dufaux et dessinée par Rosinski (plus connu pour Thorgal) qui est sortie du lot.

Empruntant plus à Shakespeare qu’aux classiques thèmes du fantastique, le premier cycle composé de quatre tomes nous racontait les intrigues s’exerçant autour de la jeune Sioban, héritière du royaume de Sudenne.  Son père, Loup Blanc, fut vaincu par la magie noire du sorcier Bedlam qui depuis contrôle d’une main de fer le royaume. Mais dans toute défaite germe le ferment des légendes et l’espoir de voir les Sudenne chasser la tyrannie.

Entre sorcellerie et complot, l’histoire s’inscrit autour d’une seule et même phrase miroir : “l’amour est au coeur du mal” et “le mal est au coeur de l’amour“.

Si le premier cycle s’est échelonné de 1993 à 1998, c’est avec un rythme hautement plus lent qu’a paru le second

Dorénavant dessiné par Philippe Delaby, ce nouveau récit nous renvoie vers le passé où nous suivons les aventures de Seamus (déjà présent dans le premier cycle)  jeune novice des chevaliers du Pardon. Cet ordre dont le but est d’éradiquer le mal sur les terres des Landes doit faire face à un ennemi hautement plus cruel, les Moriganes, des sorcières maléfiques se cachant sous l’apparence d’innocentes et belles jeunes filles.

L’histoire a gardé le même style narratif et le dessin de Delaby est un vrai plaisir des yeux. Après un premier tome paru en 2004 (Moriganes) et un second en 2008 (le Guinea Lord) voic que vient de paraître le troisième opus, la Fée Sanctus.

La destinée de nos personnages s’affirment encore plus dans la lutte contre le mal qui montre d’ailleurs ici son vrai visage. L’histoire ne fait pas dans la dentelle et ça charcute pas mal dans certaines cases. Pourtant, il demeure derrière l’apparente barbarie la quête héroïque vers de plus beaux sentiments, à savoir sauver l’âme d’une Morigane devenue fée.

Voilà ce qui fait la force de cette BD : un graphisme sublime, un scénario maîtrisé qui progresse sans susciter l’ennui et le retour à un style qui tient plus de la chanson de geste qu’à du réchauffé

Le seul côté négatif, c’est qu’à vue de nez, le dernier tome ne sortira qu’en 2016 si on garde le même rythme de parution.

 

 

Haywire (piégée)

Réalisé par Steven Soderbergh

Avec Gina Carano, Michael Fassbender, Ewan McGregor…


 

Plein de gens m’ont dit le plus grand bien du Film Contagion de Steve Soderbergh.

C’est pour cela qu’en toute logique j’ai préféré regarder le suivant :Haywire

catalogué Thriller d’espionnage, ce film propose une bonne brochette de stars : Ewan Mc Gregor, Antonio Banderas, Michaêl Douglas; Michael Fassbender, Bill Paxton, Channing tatum et Mathieu Kassovitz (ouf !!!)

Inutile de s’appesantir sur cette liste tant ces acteurs sont peu présents à l’écran à part pour des discussions entre deux portes pour donner de la consistance à l’intrigue

Le film tourne principale autour de Gina Carano, espionne mercenaire de choc. J’ai été tout d’abord très dubitatif en la voyant . Au départ, son visage m’a rappelé le visage de Brian Molko, le chanteur androgyne de Placebo mais en plus viril. Gina Carano est en fait une championne de mixed martial arts (MMA). On sent bien qu’elle est taillée pour mettre une rouste facile à toute personne qui l’emmerde. Ce talent est d’ailleurs largement mise à contribution tout le long du film. Les combats ne sont pas chorégraphiés comme dans un film de Kung-Fu mais font vraiment appel à de la bonne technique de baston proche des sports de combat ou de la lutte. De ce point de vue, on n’a pas l’impression que c’est du chiqué

Mais ne cantonnons pas Gina Carano dans un rôle de simple cogneuse. Le reste du film lui permet de montrer qu’elle est capable de bien plus en terme d’émotions et de féminité.

En ce qui concerne l’histoire en elle-même, il s’agit d’un classique complot dans le complot permettant à plusieurs officines de se tirer la bourre. En toute honnêteté, je n’ai toujours pas compris le pourquoi du comment une fois le film fini. Les scènes d’action s’enchainent entrecoupées de dialogues nous permettant en toute logique de nous offrir les clefs de l’histoire. j’ai du louper un truc

Mais comme je l’ai dit, le film est essentiellement basé sur la fuite perpétuelle de l’héroïne pour échapper à un peu tout le monde : police, mercenaire, armée.

C’est très bien filmé, avec un petit côté vintage mais sans vraiment dégager un sentiment d’originalité (Jason Bourne et consorts sont passés par là).

On reste au final un peu sur sa faim et le film n’est vraiment sauvé que par son actrice principale qui arrive à surprendre par une palette de talent moins limitée qu’il n’y parait.

Allez, on va dire 6/10

 

 

Case Départ

Réalisé par Thomas Ngijol, Fabrice Eboué, Lionel Steketee

Avec Fabrice Eboué, Thomas Ngijol, Stefi Celma

 


 

Il y a plusieurs raisons qui peuvent vous pousser à regarder un film :

– Tout simplement l’envie de le voir après avoir patiemment attendu sa disponibilité.

– Vous l’avez choisi non pas parce qu’il est bien mais parce que vous le jugez moins nul que les autres. C’est le “naan, non , nan, non plus…… Pfff allez va pour celui-ci”

– C’est tout bonnement le facteur durée. Il est déjà tard et ce film ne dure que 89 minutes.

C’est principalement ces deux dernière raisons qui m’ont poussé à voir ce film qui date quand même de 2010.

Il y a aussi une troisième raison qui a prévalu sur toute autre pour expliquer ce choix . Mes compagnons de kawa du boulot l’ont vu dernièrement. Les dernières pause café ont été l’occasion de l’étalage des meilleurs vannes du film. Me sentant un peu sur la touche et flairant le danger de connaître tout le film avant de l’avoir vu, j’ai du précipiter la séance. Déjà que je suis à la ramasse dès que ça parle foot, il ne fallait pas encore plus crever le handicap.

Donc c’est parti…

Le film commence en nous brossant le portrait de deux personnes antipathiques d’origine africaine (en fait antillaise mais comme le film retrace les origines ancestrales, je biaise volontairement).

Régis (Fabrice Eboué) pousse “l’assimilation” jusqu’à porter le même jugement que d’ordinaire on prête aux blancs. Conseiller municipal, il s’est fondu dans la classe moyenne allant jusqu’à singer les caractères les plus beaufs du racisme ordinaire : Ils considèrent les immigrés comme des délinquant et des feignants. Fièr de sa situation et de son standing, il ne montre que lâcheté.

Joël (Thomas Ngijol) est un petit délinquant qui se sert de l’excuse de sa couleur pour expliquer tous ses malheurs. Se faisant vertueux de sa religion et de ses origines, il ne fait que se plaindre, insulter et surtout resquiller travail et transport en commun.

Ces deux zigotos, en fait demi-frères, se retrouvent à veiller leur père mourant aux Antilles. Pour seul héritage, il n’ont droit qu’à l’acte qui a affranchi leur ancêtre lointain. Par moquerie et bêtise, ils déchirent le papier.

Ils sont alors envoutés et se retrouvent au 18ème siècle esclave dans une plantation de canne à sucre. Il va leur falloir réparer leur faute et faire en sorte que leur ancêtre soit bien affranchi.

Le film a bien sûr vocation à faire rire et y arrive très bien dans l’ensemble. Eboué et Ngijol y importent tout ce qui fait l’humour de leur spectacle.

Il a aussi vocation à nous faire réfléchir en transposant les pendants du racisme ordinaire à une époque où ce mot prend une dimension littérale : le noir est un animal inférieur juste bon à travailler pour des blancs supérieurs. Plus qu’une idéologie, c’est un fait scientifique et divin. Le noir est à sa place dans la création comme peut l’être le lapin ou le radis : compartimenté dans une case pour nourrir l’homme blanc.

Immergé dans ce nouveau monde, nos deux compères restent fidèles à leur travers : Régis jouent au singe savant pour s’attirer les grâces du propriétaire (Etienne Chicot). Joël endosse la casquette du révolutionnaire brandissant tout haut des valeurs républicaines qu’il bafouait jusqu’alors..

Bien sûr, ces petits arrangements ne tiennent pas la route face à réalité colonisatrice et les deux compères devront se bouger les fesses pour se sortir du pétrin.

Si réflexion il y a , les ficelles sont souvent un peu grosses. On est loin de montrer le véritable esclavagisme dans son aspect le moins reluisant et les deux héros s’en sortent toujours à bon compte avec quelques coups de fouet.

Néanmoins on peut dire que le film a un certain intérêt pédagogique pour montrer que la bêtise ordinaire est le reliquat d’un lourd passé historique et qu’il entache toujours nos préjugés et nos comportements.

Mais ne partons pas dans de longues considérations sociétales (j’en suis bien incapable) en laissant ce film à sa place : une comédie plutôt intelligente qui n’a pas à rougir d’être un premier essai plutôt réussi : 6,5/10

 

 

La dame en noir

La Dame en Noir

Réalisé par James Watkins

Avec Daniel Radcliffe, Ciarán Hinds, Janet McTeer…

 


 

Hier soir, seul devant la télé, j’ai voulu me faire peur en regardant ce film d’épouvante. On peut être circonspect  si on s’arrête sur le préjugé lié à l’acteur principal, Daniel Radcliffe, dont la palette de rôle n’a pas excédé celle de l’apprenti sorcier dans Harry Potter.

Second risque important : ce film s’annonçait comme le retour des studios Hammer, icône des films d’épouvante des années 60 avec son Dracula interprété par Christopher Lee. Entre un bon film et un coup marketing, il y a une sacrée distance.

 

Disons-le de suite : si ce film lorgne continuellement vers les classiques du genre, il le fait bien. L’ambiance victorienne entre obscurantisme et révolution industrielle, la maison gothique habitée de  poupées en porcelaines, d’animaux empaillés et d’automates grimaçants, tous les éléments d’un décor bien flippant sont rassemblées

 

Point d’effet spéciaux dans ce film ou de litres d’hémoglobine, tout est dans le suggéré, le flou, dans l’ombre furtive, dans le grincement, dans la porte fermée qui s’ouvre seule…. La bande sonore finit dans rajouter dans l’angoisse qui, mine de rien, vous enfonce un petit peu plus dans le canapé.

Même si on sait d’avance quand on risque de sursauter ou de voir sortir le démon de la boite, on est toujours le jouet de peurs enfantines.

En ce qui concerne Daniel Radcliffe, même si il ne crève pas l’écran, il s’en sort plutôt bien malgré la tendance à trop jouer des yeux écarquillés.

 

L’histoire elle-même reste classique : une jeune notaire se rend dans un petit village paumé dans le fin fond de l’Angleterre pour régler la succession d’un sinistre manoir paumé au milieu des marais. Bien entendu, de sombres événements ont eu lieu dans le passé,etc.

 

Peut être suis-je vieux jeu, peut-être suis encore dans le souvenir des cauchemars qu’avaient entrainé le visionnage de la Maison du Diable quand j’étais petit mais je n’ai pas trouvé ce film si nul que ça

 

Il n’a rien d’original mais rien de déplaisant non plus.

Il mérite un 6/10 tranquilou

 

John Carter

JOHN CARTER

Réalisé par Andrew Stanton
Avec Taylor Kitsch, Lynn Collins, Samantha Morton.

 


 

Ce Week-End j’ai regardé le gros flop de l’année de Disney à savoir John Carter. En général, un flop au pays du burger signifie un film de bonne facture pour nos terres pétries de Montaigne, de Descartes et de Jean Roucas.

John Carter, soldat déserteur et chercheur d’or fauché se retrouve catapulté sur la planète Mars, qui loin d’être aussi misérable qu’on le croit, est peuplée de nombreuses races. Deux cités s’affrontent pour le contrôle de la planète. L’une des deux semblent prendre l’ascendant grâce à l’aide inattendue d’une mystérieuse confrérie d’êtres puissants : les Therns. Ces derniers offrent à leur chef une mystérieuse arme : la neuvième lumière.

Je vais commencer tout de suite par mon avis général et synthétique : c’est super beau mais à côté de ça c’est vraiment pas terrible

Allons y maintenant pour le détail.

On dirrrrait que je serais la princesse que tu viendrrrrais me délivrer euhh...

Le scénario est vu et revu : le héros débarque dans une peuplade inconnue, passe par des actes initiatiques pour gagner leur confiance et sauve au final la princesse. L’intrigue est bancale à souhait et est avare d’explications légitimes : la neuvième lumière, qui des huit autres?.

Moi John Carter, je lui marave sa gueule quand il veut...

Du côté des acteurs, le bilan est aussi extrêmement mitigé : Taylor Kitsch (John Carter), acteur au nom prédestiné, ne brille pas vraiment même si son jeu d’acteurs n’est pas mauvais. On reste quand même toujours étonné qu’une personne qui atterrit sur un monde inconnu soit capable de maîtriser en 15 secondes un engin volant et se batte au sabre comme un pro….

Mais le pire dans le casting reste la princesse Dejah Thoris (Lynn Collins) qui joue comme aurait pu jouer une actrice du muet de l’époque du bouquin : elle en fait des tonnes, roucoule et joue à la scientifique qui ne comprend rien.

Les autres personnages n’ont aucun relief que ce soit Dominique West dans le rôle du vilain Général ou Mark Strong dans le rôle de l’éminence grise.

Tout le film fait vieillot avec un coup de patines de modernité. On aurait pu apprécier ce petit moment de nostalgie comme a si bien pu le faire JJ Abrahams avec Super 8. Mais je préfère encore revoir le Flash Gordon de 19 que me retaper John Carter. Ce film a tout d’un nanar de SyFy ou d’un épisode de Stargate.

Les seuls moments qui trouvent grâce à mes yeux sont les moments sur terre où l’intrigue est plus consistante. J’ai par exemple beaucoup aime le petit tour de passe passe de la fin.

Au final, je ne comprends pas l’intérêt d’avoir fait une adaptation d’un roman si ancien que tout remodelage à la lorgnette d’une vision contemporaine n’en ferait qu’un film indigeste

et paf : 3/10

 

Dark Shadows

Mercredi soir, je suis allé voir de dernier Tim Burton.

Ca faisait un moment que j’avais laissé tomber ce réalisateur que j’aime particulièrement par son éclectisme et son humour tordu.

J’avais bien vu Alice aux pays des merveilles. mais il s’agissait plus ici d’une production Disney scénarisée par le studio que d’un Tim Burton comme on l’entend pour Edward aux mains d’argent, Ed Wood, Mars Attack ou Big Fish.

J’ai complètement zappé Sweeney Todd trop musical et trop culturellement éloigné (surement une erreur de ma part à rattraper)

Alors il était bien temps de s’y remettre et ce film en fut l’occasion.

Ceci dit, ce bel élan de pédanterie tombe totalement à l’eau puisque ce film n’est pas scénarisé par Tim Burton (même si scénarisé en partie par un habitué de Burton, John August) et est l’adaptation d’une série télé des années 60 inconnue en France.

Néanmoins la patte Burton imprègne largement le film au delà de la présence des acteurs habituels : Johnny Depp, Helena Bonham Carter ou même Michelle Pfeiffer vue il y a fort longtemps dans Batman.

 

En 1760, Les Collins, riche famille de Liverpool, émigre vers le nouveau monde pour y asseoir leur empire. Il fonde la ville de Collinsport et développe une industrie de pêche florissante. Leur fils Barnabas (Johnny Depp) repousse les avances d’une servante, Angélique Bouchard (Eva Green) qui s’avère être une sorcière. Folle de jalousie, elle se venge de Barnabas en assassinant ses parente et en précipitant Josette, sa fiancée dans l’océan. Barnabas se jetant à son tour devient un vampire. La population de Collinsport se retourne contre ses bienfaiteurs et enterre Barnabas dans la forêt, prisonnier d’un cercueil.

1972, nous retrouvons la même ville où la famille des Collins survit piteusement dans son Manoir décrépi. La conserverie est à l’abandon tandis que l’usine concurrente d’en face prospère. C’est alors que Barnabas est déterré lors de travaux de voirie. Redevenant chef de famille, il veut redonner au Collins la splendeur d’antan. L’ennui, c’est que la concurrence est au main D’angelina Bouchard la sorcière qui a traversé le temps, toujours aussi jeune, désirable et passionnée.

Ce film a tout du vaudeville : il est entrecoupé d’envolées lyriques et dramatiques que le caractère bouffon se tarde vite de tourner en dérision en accentuant leur futilité. Johnny Depp excelle dans ce petit jeu en  personnage maniéré et pompeux perdu dans les Seventies. C’est autant d’occasion de le confronter aux éléments les plus marquants de l’époque : hippies refaisant le monde, hard rock balbutiant (avec une apparition d’Alice Cooper de toute beauté) symboles les plus marquants de la société de consommation (Télé, Mc Do,etc).

Le film a tendance à faire l’impasse scénaristique sur pas mal d’éléments en évacuant vite fait tout ce qui n’est pas en rapport avec le coeur du film : les confrontations entre Barnabas et Angelina. Le personnage de Josette/victoria, Carolyn Stoddard ou de David sont très peu mis en avant sauf quand leur présence est indispensable. Cela donne lieu à des impressions de coup de théâtre dignes de Scoobidoo. Mettons à part Michelle Pfeiffer et Helena Bonham Carter dont la prestance compense leur faible implication.

Si le film fait la part belle aux idéaux de l’amour éternel et pur, il va sans dire que la relation de Barnabas et Angelina s’amuse à pervertir ces beaux discours. Entre étreinte et combat, ces deux là semblent ne jamais pouvoir se défaire l’un de l’autre. Le jeu d’acteur déployé à cette occasion est formidable : Johnny Depp s’en sort toujours très bien quand il s’agit de jouer sur les tableaux de l’hypocrisie patiné de grandiloquence. Eva Green est à la fois sublime et carnassière à souhait, déployant un sex appeal destructeur.

Ce film m’a beaucoup plu. S’il n’est en soit pas révolutionnaire, sa réalisation, son jeu d’acteur en font un vrai moment de divertissement. la performance des deux acteurs principaux rattrapent largement les tendances à évacuer certaines parties de l’histoire.

Sans hésiter, un bon 8/10