Ouh làlà : calmer colère, réfléchir…
Spirou a 70 ans et voici son 50ème album…. Spirou est la propriété de l’éditeur Dupuis et de nombreux auteurs ont eu le privilège de dessiner ses aventures. Rob-vel (le créateur) et Jijé (premier continuateur) sont inconnus de la plupart des lecteurs de Spirou. Franquin reste LE dessinateur de Spirou. Il est l’auteur qui a fixé le héros dans sont intemporalité : costume de groom, jeunesse éternelle, second rôles (fantasio, zorglub, champignac et j’en passe). On peut parler d’âge d’or.
Mais qui dit âge d’or entend temps moins glorieux.
Fournier, dessinateur successeur a du subir la pression de l’héritage (et la disparition du marsupilami conservé par Franquin). Sans renier le passé, il a su imprimer son style tout en développant son propre univers (l’organisation Triangle, les extraterrestres du “cidre pour les étoiles”) ou surfer sur l’actualité : le nucléaire dans l’Ankou, les dictateurs avec Kodo le tyran.
Nic et Cauvin : dessinateur et scénariste suivants n’ont pas su convaincre (en tout cas moi) : dessin sommaire et simpliste, scénario faiblard. Leur seul coup d’audace est d’avoir fait table rase de l’univers Franquin : mal leur en a pris.
Tome et Janry : comme pour beaucoup de lecteurs, ce couple fut le retour à l’âge d’or : des scénarios bien bâtis, un dessin touffu et moderne comme Franquin a pu le faire sur les derniers Gastons. On retrouve ce plaisir de l’aventure avec toujours un petit côté foufou. Sans renier Franquin là aussi, ils ont aggrandi l’univers Franquin géographiquement (Australie, new-york) temporellement (l’horloger de la comète, le réveil du Z) et technologiquement (Virus, Cyanure, Machine qui rêve). si certains albums sont moins bons, le nombre d’albums produits (14, juste derrière Franquin) montre bien que le public a accroché. Pourtant, même les deux auteurs ont craqué sur la fin en essayant d’épaissir le personnage en le faisant “vieillir”, comme si l’éternelle jeunesse de Franquin était un frein à sa pérennité ou sa modernité
Morvan et Munuera, dernier légataire de Spirou m’ont tout de suite énervé : on sentait bien que leur venue était une affaire marketing : rajeunir le public en appelant à la barre une nouvelle génération plus manga dira t-on. Peut-on en vouloir aux auteurs pour cette décision : non.
On peut juste leur reprocher d’avoir produit des albums creux qui m’ont toujours laissé une impression d’insatisfaction : on retrouve Morvan dans ses pires jours de scénaristes de Sillage (bin tous les derniers en fait 🙂 ). Les auteurs tentent bien de coller à la mythologie Spirou (champignac, itoh-kata) mais c’est trop techno-science, trop djeun, trop trop en fait…
Parlons de ce dernier album (le dernier produit par les auteurs en passant puisque Dupuis doit désigner des successeurs). [spoiler] Il s’inscrit comme une conclusion des albums précédents (surtout Paris sous Seine) mais aussi de 70 ans d’histoires de Spirou. Par un procédé éculé de paradoxe temporel qui va permettre de dézinguer quels anciennes histoires, Morvan et Munuera efface tout le Spirou que nous aimions en nous laissant un gout amer.
Cet exercice de style aurait été passionnant si l’histoire s’était inscrit comme un des “one-shot” Spirou édités depuis deux ans. cette Histoire aurait peu être le début d’une Uchronie intéressante (à la manière des Ultimate de Marvel). Mais là nous somme dans l’héritage non linéaire de Spirou, la trame où Spirou ne vieillit pas au contraire du monde qui l’entoure.
Nous voilà dans un monde avec deux spirou, deux fantasio et un passé de 70 ans effacé en deux pages. Bravo messieurs, merci beaucoup!!!!! Même si tout cela est virtuel, même si les albums sont toujours là, vous avez tué une partie de mon enfance.
[/spoiler]
PS : je vous aurais bien parlé du dernier Sillage : mais il est nul. Bon sang mais y a pas que le Japon dans la vie !!!